Affaire Mohamed Abdelhadi: une décision de la CEDH attendue ce jeudi

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) le 24 janvier 2018, à Strasbourg (Photo d'illustration) - FREDERICK FLORIN © 2019 AFP
Ultime espoir pour la famille. La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) rendra ce jeudi sa décision à propos de l'affaire Mohamed Abdelhadi, ce jeune homme de 27 ans disparu à Villefranche-sur-Saône en 2001 et dont le corps a été retrouvé quinze ans plus tard.
Le meurtrier présumé, qui a reconnu les faits avant de se rétracter, et ses deux fils qui l'auraient aidé, sont libres et n'ont jamais été condamnés. En cause, un imbroglio autour du délai de prescription. Jusque l'adoption en 2017 de la loi de réforme sur la prescription en matière pénale, ce dernier était de 10 ans.
Le dossier d'enquête égaré par la police
Lorsque le corps de la victime, enterré dans un bois après avoir passé sept ans dans une cave, a été découvert, le délai légal pour juger un meutre était dépassé. Cependant, cette prescription aurait pu être repoussée grâce à la plainte déposée par la famille en 2008 pour "disparition inquiétante".
Mais le dossier d'enquête constitué par les forces de l'ordre à la suite de ce dépôt de plainte a été égaré. Impossible alors d'allonger le délai de prescription et de faire comparaître les auteurs présumés devant la justice.
La famille de Mohamed Abdelhadi a saisi la CEDH. L'Etat français est tenu responsable dans cette affaire pour son incapacité à faire en sorte qu'un procès ait lieu.
"On place beaucoup d'espoir dans ce délibéré de la Cour européenne des droits de l'Homme, à savoir une condamnation de l'Etat français et surtout l'obligation de la France d'organiser un procès de cour d'assises", a indiqué David Metaxas, avocat de la famille de Mohamed Abdelhadi, au micro de BFM Lyon.
"On en a besoin. Il faut que les personnes qui ont fait ça soient jugées, et correctement jugées", a-t-il ajouté.
"Il y a eu une faute lourde du service public de la justice"
Si le procès ne peut avoir lieu, la famille espère au moins faire reconnaître les défaillances de l'Etat, comme l'explique David Metaxas: "effectivement, si on n'a pas cela, cette résignation qui va être la nôtre de faire condamner l'Etat français, qui ne nous amuse pas, par les juridictions nationales d'abord, et le Conseil d'Etat notamment, pour faire dire qu'il y a eu une faute lourde du service public de la justice, et il faut que la famille soit indemnisée", a-t-il ajouté.
La famille assure qu'elle n'aura de cesse d'épuiser tous les recours juridiques à sa disposition pour que justice soit rendue. La décision de la CEDH est attendue jeudi matin.