56 points de suture, 60 jours d'ITT... Cynthia raconte sa violente agression au cutter par son ex-petit ami

"Si je n'avais pas eu le courage de mettre les mains au sol pour me relever, il m'aurait laissé morte baignant dans mon propre sang." Le 11 mars dernier, Cynthia* a échappé à la mort. La jeune femme de 29 ans a été violemment agressée dans son quartier à Vénissieux (Rhône) par son ex-petit ami, qui l'a frappée et qui lui a lacéré le visage au cutter.
Ce samedi-là, Cynthia sort d'une nuit où elle a reçu des appels de son ancien petit ami dont elle essaie de se séparer depuis plusieurs mois. Le matin, elle décide de promener son chien dans le quartier où elle a grandi, où elle connaît tout le monde. Elle en profite pour appeler son ex afin de lui demander d'arrêter ces appels intempestifs quand elle tombe face à face avec lui.
"Il n'allait pas s'arrêter"
"Au début, il ne m'avait pas vue, dès qu'il m'a aperçue, il s'est mis à courir, témoigne Cynthia. Il a profité que je sois toute seule, je criais mais personne ne m'entendait."
L'homme de 40 ans la rattrape, la tire par la capuche et lui donne des coups de poing avant de la jetter au sol. "Il me tirait les cheveux, j'ai caché mon visage, il m'a donné des coups de cutter dans les mains."
"C'était des coups acharnés, je sentais qu'il n'allait pas s'arrêter", souffle-t-elle.
"Puis j'ai mis les mains au sol pour me relever, je me suis dit que, peut-être, j'arriverais à m'en sortir. C'est là qu'il m'a mis un coup de cutter à la joue et à l'intérieur de la lèvre, dans les dents. Et il est parti en courant, sans même se retourner."
Cynthia a le courage d'aller chercher de l'aide auprès de jeunes présents dans le quartier. "Je n'ai jamais vu autant de sang de ma vie, les garçons sont restés choqués, l'un d'entre eux a couru vers moi, il a essayé d'essuyer le sang avec des mouchoirs et a appelé les pompiers et la police."
De lourdes cicatrices
40 points de suture à l'extérieur de la joue, 16 à l'intérieur, 10 à la lèvre, et au total 60 jours d'ITT sont délivrés à Cynthia. Elle évite de sortir de chez elle et est traumatisée par ses blessures et les cicatrices qu'elle gardera à vie. Aujourd'hui encore, elle souffre d'une paralysie faciale et ne dispose pas encore de l'usage complet de sa main.
"J'essaie d'aller bien, d'être forte aujourd'hui, personne dans ma famille n'était au courant de ce que je vivais, des menaces, explique la jeune femme. Je me pose beaucoup de questions. Pourquoi il m'a fait ça?"
"Les violences conjugales, je savais que ça existait, poursuit-elle. Mais pas une seule fois j'aurais pensé qu'on en arriverait là."
"J'ai découvert une autre personne"
Cynthia et cet homme se sont rencontrés en juillet 2022 via le compte TikTok de la jeune femme. "Au début, il était super gentil", assure-t-elle. Puis au fil des semaines, elle se rend compte qu'il lui ment, qu'il la manipule: "Il m'avait donné un faux prénom, un faux âge, il me devait de l'argent, j'avais aussi appris qu'il consommait de la drogue." Au mois de décembre, elle lui annonce qu'elle veut se séparer.
"Là j'ai découvert une autre personne, j'ai vu son véritable visage", dit-elle, regrettant ne pas avoir pris en compte "les nombreuses alertes".
L'homme la menace de mort pendant plusieurs semaines, de l'asperger d'acide, menace "de faire violer" sa petite sœur. "Il me disait plein de phrases horribles, confie-t-elle. Dès que je voyais son nom s'afficher sur mon téléphone, le stress, la peur, l'angoisse, tout arrivait d'un coup." Trois jours avant de l'agresser, il l'emmène en pleine campagne pour éplucher toutes ses conversations: "Il m'a dit 'tu vois je pourrais te tuer et t'enterrer là, personne ne te retrouverait."
L'ancien petit ami de Cynthia s'est rendu à la gendarmerie de Pont-de-Chéruy, en Isère, où il réside. Il a été mis en examen et placé en détention provisoire. Cynthia a quant à elle déposé plainte pour violences volontaires aggravées avec usage d'arme et préméditation.
Aujourd'hui, Cynthia également raconté son histoire sur les réseaux sociaux, et espère que son témoignage permettra de lutter davantage contre les violences faites aux femmes. "On devrait toutes ne pas vivre ces choses-là. On devrait toutes vivre comme on l'entend."
*Le prénom a été modifié.
3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences
Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).