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Traversée de la Manche: 15 ans de prison requis contre le chef présumé d'un réseau de passeurs de migrants

Une embarcation de migrants dans la Manche (Photo d'illustration).

Une embarcation de migrants dans la Manche (Photo d'illustration). - Ben Stansall © 2019 AFP

Cet Irakien de 26 ans est soupçonné d'être à la tête d'un réseau de passeurs, qu'il organiserait depuis sa prison selon la procureure de Lille.

Le parquet a requis mardi 8 octobre à Lille une peine de quinze ans de prison à l'encontre du chef présumé d'un vaste réseau irako-kurde de passeurs qui organisait des traversées clandestines vers l'Angleterre, fustigeant des "marchands de mort".

Dix-huit prévenus sont jugés depuis le 30 septembre par la Juridiction interrégionale spécialisée de Lille, chargée de la criminalité en bande organisée, pour des faits s'étalant entre 2020 et 2022.

"Les prévenus ne sont pas des bénévoles aidant leur prochain mais des marchands de mort" a accusé la procureure, décrivant des canots traversant la Manche surchargés de passagers, "jusqu'à quinze fois leur contenance théorique".

Avec des passages facturés en 2021 environ 2.500 euros pour un Irakien et 3.500 pour un Vietnamien, les membres du réseau tiraient des "sommes phénoménales" de ce trafic, a-t-elle dénoncé, indiquant que le bénéfice d'une seule embarcation pouvait se monter à 74.000 euros.

"Tous ont cherché à se dédouaner, mais étaient des maillons d'une chaine dont ils avaient parfaitement conscience", a-t-elle encore pointé.

Un Irakien de 26 ans comme chef du réseau ?

La procureure a requis la peine la plus lourde, quinze ans d'emprisonnement et une interdiction du territoire français, à l'encontre d'un Irakien de 26 ans, qui est soupçonné d'avoir orchestré l'ensemble du réseau depuis sa cellule de prison. Il avait déjà été condamné à deux reprises pour des faits similaires d'aide au séjour irrégulier.

La sonorisation de sa cellule a montré qu'il ne cessait, "de jour, de nuit", d'organiser des traversées, d'acheter des armes, ce qui prouve son rôle de "chef de réseau" et son "sentiment de toute-puissance", selon elle.

Elle a aussi demandé des peines de prison de cinq à douze ans pour d'autres membres du réseau mardi matin. Les réquisitions doivent se poursuivre.

Au cours d'un premier procès concernant le même réseau en janvier, douze personnes ont été condamnées à des peines allant de quinze mois à cinq ans d'emprisonnement.

Un réseau aux ramifications internationales

Ce réseau aux ramifications internationales avait en grande partie la mainmise sur les passages vers l'Angleterre à partir du nord de la France, selon l'enquête.

Depuis janvier, plus de 26.600 migrants sont arrivés sur les côtes britanniques après avoir traversé la Manche à bord de petites embarcations, selon les chiffres du gouvernement britannique.

Une série de naufrages a fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des traversées maritimes de migrants en 2018, avec au moins 51 morts à ce stade, dont quatre samedi.

GJ avec AFP