"On ne voyait ni le début ni la fin": des migrants racontent leur traversée de la Manche

La crise migratoire dans la Manche perdure. Dans la nuit de jeudi 17 au vendredi 18 octobre, une embarcation surchargée tentant de rejoindre l'Angleterre a fait naufrage au large de Wissant, provoquant la mort d'un nourrisson.
Au moins 52 personnes sont mortes depuis le début de l'année 2024 en prenant le risque de traverser la Manche, un record depuis 2018. Pourtant, ils sont des milliers à tout risquer pour arriver en Grande-Bretagne.
Parmi eux, Salman. Il a touché le sol britannique il y a quatre semaines pour demander l'asile. À peine remis de son périple depuis l'Afghanistan, il regarde souvent des images de sa traversée de la Manche qu'il a prises sur son téléphone.
"C’était très effrayant de se retrouver dans cette mer immense, on ne voyait ni le début ni la fin", confie-t-il à BFMTV.
"On était sur le bateau pendant six heures depuis Dunkerque jusqu’à l’entrée dans les eaux britanniques, où la police nous a arrêtés", poursuit-il. Pour cette dernière étape très dangereuse de son voyage, Salman a payé des passeurs 1.200 euros à Calais.
Six heures de traversée, où seuls quelques passagers portaient un gilet de sauvetage. "Il y a quelques semaines, un bateau a coulé, des dizaines de personnes sont mortes. Mais Dieu merci, nous, on était sains et sauf", souffle le jeune Afghan de 20 ans.
Plus de 25.000 personnes ont tenté la traversée en 2024
Salman rêve aujourd'hui de reprendre ses études afin de devenir pilote. Amoureux de son pays, il n'avait néanmoins d'autres choix que de le quitter.
"En Afghanistan, ma communauté est persécutée par les talibans", explique-t-il. "On est tués ou forcés de quitter nos maisons. Si ma vie n’avait pas été en danger, je n’aurais jamais fait un voyage aussi dangereux."
Mo a connu le même sort. Cet Afghan est arrivé il y a deux ans en Grande-Bretagne et a obtenu son asile. Il a lui aussi tenté le tout pour le tout pour l'Angleterre car il a été attiré par la langue mais aussi par la présence de réseaux communautaires forts, qui lui ont donné le sentiment que l’intégration y serait plus facile.
"À l’ouest, vous trouverez par exemple la communauté afghane et aussi la communauté indienne. À l’est, ce sont plutôt les communautés africaines. C’est réparti ainsi", montre celui qui est aujourd'hui propriétaire d'un stand de cuisine afghane.
En 2024, plus de 25.000 personnes ont déjà tenté la traversée de la Manche depuis le nord de la France. C'est d'ores et déjà 4% de plus que l'an dernier.