Crise de la pêche: le maire de Boulogne-sur-Mer craint une disparition d'une partie de la flotte de sa ville

"Nous sommes en plein séisme de l'après-Brexit", alerte le maire de Boulogne-sur-Mer Frédéric Cuvillier, sur BFM Grand Littoral. Le secteur de la pêche se trouve toujours en crise, alors que le Royaume-Uni refuse d'accorder davantage de licences de pêche aux pêcheurs français. Pour ces derniers qui n'ont plus accès aux précieuses eaux britanniques, la situation est de plus en plus difficile. A Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier craint même la disparition d'une partie de la flotte qui fait pourtant partie intégrante de l'économie locale.
"C'est un risque évident d'autant qu'il s'agit de petites flottilles de pêche côtière pour la plupart d'entre elles. (...) C'est une crainte, c'est un risque, ce qu'il faut bien comprendre c'est que ce sont des familles, des dizaines et des dizaines de familles. Leur activité économique se trouve aujourd'hui suspendue depuis des mois, à l'incapacité, à l'impossibilité de pratiquer leur métier”, s’alarme le maire sur BFM Grand Littoral.
Pour le moment, seules 35 licences ont été accordées sur les 80 demandées, selon le président du comité régional des pêches maritimes et des étages marins des Hauts-de-France Olivier Lepêtre. Frédéric Cuvillier dénonce de son côté, certaines demandes irréalistes du Royaume-Uni aux pêcheurs du Boulonnais.
"Les formalités réclamées par le gouvernement britannique sont des formalités infaisables. Ils demandent à des bateaux de moins de douze mètres des rapports de traçage technologique alors qu'ils sont dépourvus de toute technologie embarquée à bord. Cela amène à un blocage évident”, s'insurge le maire de Boulogne-sur-Mer.
Éviter les mesures de "double ou triple peine"
Face à la fermeté britannique sur les licences de pêche, la France avait menacé de prendre des mesures de rétorsion. Si la situation reste tendue entre les deux pays, ces sanctions ont été reportées ce lundi soir.
Les négociations vont se poursuivre encore pendant plusieurs jours afin d'arriver à un accord. Frédéric Cuvillier souhaite lui aussi "laisser toute la place à la négociation". Il met en garde contre d'éventuelles mesures prises contre le Royaume-Uni qui pourraient avoir des conséquences néfastes pour le secteur de la mer. La France a notamment menacé d'interdire aux navires de pêche britanniques de débarquer leurs cargaisons dans les ports français.
"Je rappelle aussi que nous sommes hautement dépendants des importations de produits de la mer et de la pêche que nous transformons ici à Boulogne-sur-Mer", explique l'ancien secrétaire d'État chargé des transports, de la pêche et de la mer.
Boulogne-sur-Mer étant le premier centre français de transformation des produits de la mer, Frédéric Cuvillier craint donc que celui-ci puisse être pénalisé par des sanctions enclenchées contre le Royaume Uni. Il appelle à ce que les mesures de rétorsion éventuelles concernent d'autres secteurs que celui de la mer afin d’empêcher de faire dégénérer la situation de l’économie locale.
"Il faut éviter que ces mesures de rétorsion ne se traduisent en une double ou triple peine (...) Les importations sont essentielles pour l'activité de cette filière", prévient Frédéric Cuvillier.
Appel à "un plan massif de soutien"
En attendant un éventuel accord entre la France et son voisin d'outre-Manche, les pêcheurs français toujours privés des poissons des eaux britanniques, doivent souvent se rabattre sur des zones de pêche moins fructueuses. En raison de ce manque à gagner, le prix du poisson tend à augmenter sur place.
Afin de sauver la filière, le maire de Boulogne-sur-Mer demande "un plan massif de soutien" au secteur de la pêche. Il appelle notamment à mettre en place des plans d'accompagnement pour moderniser les bateaux et faire en sorte que ces derniers, très énergivores et anciens, coûtent moins chers à leurs propriétaires. Des mesures qui permettraient aux pêcheurs en difficulté d'affronter cette “grosse crise diplomatique" selon Frédéric Cuvillier.
Il critique par ailleurs, le manque de soutien de l'État accordé selon lui, à ce secteur. Frédéric Cuvillier rappelle que lors de sa dernière visite à Boulogne-sur-Mer, le premier ministre Jean Castex avait promis la solidarité de l’Etat par un contrat territorial.
"Aujourd'hui nous n'avons pas le début du commencement d’un avancement. Il y a des déclarations d'intentions, mais ce serait bien qu'elles soient suivies par des faits", critique l'ancien secrétaire d'État.
Frédéric Cuvillier demande au gouvernement d'instaurer une solidarité nationale avec le secteur de la pêche pour assurer sa survie.