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Union européenne

Pêche-Brexit: la discussion "se poursuivra" mardi, les sanctions reportées

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Le chef de l'Etat a écarté une application des mesures de rétorsion dès minuit envers les Britanniques car "ce n'est pas pendant qu'on négocie qu'on va mettre des sanctions".

La discussion concernant le litige sur la pêche "se poursuivra demain" mardi entre la France, le Royaume-Uni et la Commission européenne, a déclaré ce lundi Emmanuel Macron, écartant une application des mesures de rétorsion dès minuit car "ce n'est pas pendant qu'on négocie qu'on va mettre des sanctions".

"On verra où on en est demain à la fin de la journée pour savoir si les choses changent de nature" sur ce litige, a ajouté le président devant la presse, en marge de la COP26 à Glasgow (Royaume-Uni). "Les prochaines heures sont des heures importantes" et "j'ai compris que les Britanniques allaient revenir vers nous demain avec d'autres propositions".

Londres a pour sa part salué le report des sanctions françaises.

"Je souhaite qu'on lui donne une chance"

Emmanuel Macron a dit faire "confiance au Premier ministre britannique Boris Johnson pour prendre sérieusement" les propositions françaises et pour que les discussions débouchent sur un "résultat". "Pendant 10 mois les résultats ont été trop lents, si cette nouvelle méthode permet d'avoir un résultat, je souhaite qu'on lui donne une chance", a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron et Boris Johnson ont échangé de longues minutes en souriant devant les caméras lors de l'arrivée d'Emmanuel Macron à la COP26 de Glasgow (Royaume-Uni) lundi. Paris avait encore brandi lundi matin l'application de sanctions dès minuit si Londres n'accordait pas davantage de licences aux pêcheurs français.

La France menacent d'interdire aux navires de pêche britanniques de débarquer leurs cargaisons dans les ports français et de renforcer des contrôles douaniers de tous les camions si Londres n'accorde pas davantage de licences aux pêcheurs français.

Londres menace de représailles

De son côté, la ministre des Affaires étrangères britannique, Liz Truss, a appelé ce lundi matin sur Sky News le gouvernement français à retirer ses menaces "complètement déraisonnables, y compris contre les îles anglo-normandes et notre industrie de la pêche". Faute de solution "dans les 48 heures", la cheffe de la diplomatie a précisé que le gouvernement britannique s'appuierait sur le mécanisme de règlement des différends dans le cadre de l'accord commercial post-Brexit pour demander des "mesures compensatoires".

Londres a prévenu s'apprêter aussi à renforcer également les contrôles des bateaux de pêche européens. C'est ce qui inquiète les pêcheurs, a affirmé lundi Olivier Leprêtre, Président du comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des Hauts-de-France (nord), dénonçant "l'attitude inadmissible des Anglais et leur non-respect des accords signés". "Les mesures de rétorsion c'est très bien, c'est la seule solution" mais "Boris Johnson ne va pas en rester là" et "au moindre problème on va avoir des bateaux détournés", a-t-il regretté.

En vertu de l'accord de Brexit, les pêcheurs européens peuvent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir. Ce dossier envenime les relations entre Paris et Londres, déjà mises à mal par le torpillage d'un contrat franco-australien de sous-marins en faveur de l'accord de défense Aukus entre Grande-Bretagne, Etats-Unis et Australie.

Persiste aussi un autre sujet de tensions post-Brexit entre l'Union européenne et le Royaume-Uni autour de l'Irlande du Nord. Londres exige la renégociation des mesures douanières spécifiques à la province britannique.

P.L. avec AFP