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Collision en mer du Nord: y a-t-il un risque de pollution sur la Côte d'Opale?

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Une collision entre deux navires s'est produite ce lundi 10 mars en mer du Nord, provoquant la "préoccupation" d'associations environnementales. Si le risque d'une marée noire semble écarté, le kérosène qui s'est enflammé pourrait créer une forte pollution atmosphérique.

Un incendie "toujours en cours" qui provoque l'inquiétude. Deux navires, un pétrolier et un cargo, sont entrés en collision en mer du Nord ce lundi 10 mars, à un peu plus de 300 kilomètres des côtes françaises.

La collision survenue entre le porte-conteneurs Solong portugais et le pétrolier américain Stena Immaculate, qui était ancré à environ 10 miles (16 kilomètres) de la côte, a déclenché une alerte à la pollution sur la côte nord-est de l'Angleterre.

• Marée noire écartée?

Ce mardi matin, du côté de la Grande-Bretagne, le risque de pollution était toujours considéré comme "probable" selon les garde-côtes britanniques.

Un pétrolier (Stena Immaculate) et un porte-conteneur sont entrés en collision dans la mer du Nord lundi 10 mars 2025.
Un pétrolier (Stena Immaculate) et un porte-conteneur sont entrés en collision dans la mer du Nord lundi 10 mars 2025. © AP

Le pétrolier américain percuté avait une quantité de stockage de 49.000 tonnes. L'une de ses cuves aurait d'ailleurs été touchée lors de la collision. Des cuves, qui ne transportaient pas de pétrole mais du kérosène, le carburant utilisé par les avions.

Le kérosène est un hydrocarbure plus léger que l'eau et aurait en grande partie brûlé lors de l'incendie ayant suivi le choc. Le risque de marrée noire semble donc écarté, aussi bien sur les plages anglaises que françaises.

 Les courants de la Manche et la mer du Nord, le 11 mars 2025 selon l’Institut des Sciences Naturelles belge.
Les courants de la Manche et la mer du Nord, le 11 mars 2025 selon l’Institut des Sciences Naturelles belge. © Capture d'écran/Institut des Sciences Naturelles belge

Toutefois, à noter que selon l’Institut des Sciences Naturelles belge, cité par La Voix du Nord, les courants marins de surface sont actuellement en train de se diriger vers le sud de l'Angleterre. L'ensemble des produits chimiques présents dans l'eau pourraient donc être transportés dans ces zones, avant d'être stoppés au large par l'arrivée des courants de la Manche dans l'autre sens.

C'est d'ailleurs ce qu'indique dans un document l’institut français de recherche Ifremer, qui affirme que les courants dans le secteur sont généralement "dirigés de l’Atlantique vers la mer du Nord", donc du sud au nord, écartant tout risque de voir des matières échouer sur les côtés françaises.

Jacky Bonnemains, directeur de l'association Robin des Bois, se veut aussi rassurant ce mardi matin. Même si "on ne peut pas exclure" l'arrivée d'hydrocarbure sur les plages de Dunkerque et qu'il faut "rester vigilant", le spécialiste assure qu'aucun danger ne pèse sur le rivage normand ou breton.

• Des conséquences sur la biodiversité?

Selon Tom Webb, maître de conférences en écologie marine et en conservation à l'université de Sheffield, la zone où a eu lieu la collision est connue pour la richesse de sa faune, notamment les échassiers et autres oiseaux d'eau.

"La pollution chimique résultant d'incidents de ce type peut avoir un impact direct sur les oiseaux et peut également avoir des effets à long terme sur la chaîne alimentaire marine", a-t-il déclaré.

De même, il s'agit aussi d'une zone privilégiée pour la reproduction des marsouins et de pêche prisée pour ses merlans ou ses maquereaux. Une vingtaine de navires boulonnais s'y rendent chaque année à l'arrivée du printemps.

L'ONG Greenpeace s'est dite ce lundi "extrêmement préoccupée" par les "multiples risques toxiques". Le gouvernement britannique tente de rassurer ce mardi après-midi en confiant qu'il n'y a "pas de signe de pollution observé pour l'instant".

• Un nuage de pollution atmosphérique?

Évoqué dans un premier temps, le cargo portugais qui transportait 15 conteneurs ne sont finalement pas remplis de cyanure de sodium, un produit hautement toxique s'il venait à brûler, assure son propriétaire auprès de l'AFP ce mardi après-midi.

L'inquiétude d'un nuage de produits toxiques s'élevant dans les airs entre l'Angleterre et la France semble s'écarter. "Étant donné le brasier en ce moment à bord du navire, il y a fort à parier que la majeure partie de la cargaison aura été consummée", s'inquiétait dans la matinée Nicolas Tamic, directeur adjoint du Centre spécialisé dans les pollutions des eaux, sur BFM Grand Littoral.

Du reste, les fumées dégagées par les deux navires, encore en feu mardi après-midi, s'échappent toujours du site du sinistre.

"Si c'est ça, on aura une pollution atmosphérique. (...) En fonction du vent, il est possible que ce nuage se dépose à terre", poursuit-il.
Le vent du 11 mars 2025 dans le Nord et la Manche, selon le site Ventusky, cartographiant les prévisions météorologiques.
Le vent du 11 mars 2025 dans le Nord et la Manche, selon le site Ventusky, cartographiant les prévisions météorologiques. © Capture d'écran/Ventusky

Selon le site Ventusky, cartographiant les prévisions météorologiques, des vents allant du nord vers le sud soufflent justement ce mardi à environ 30km/h dans la zone, laissant craindre l'arrivée de pollution dans le ciel nordiste.

Clément Kaminsky avec Alixan Lavorel