Violences à Riaumont: l'avocat de l'institution dénonce "un simulacre d’investigation"

Le village d'enfants de Riaumont, le 7 mars 2025 à Liévin, dans le Pas-de-Calais - FRANCOIS LO PRESTI © 2019 AFP
Une "atmosphère de bagne, de prison". C'est en ces termes que la députée Violette Spillebout (Renaissance), accompagnée de Paul Vannier (LFI), a qualifié le climat qui régnait au sein de la communauté religieuse de Riaumont.
Le 4 avril dernier, les deux co-rapporteurs de la commission d'enquête parlementaire étaient en visite dans l'établissement catholique pour recueillir des témoignages concernant les violences qui y étaient perpétrées sur plusieurs enfants.
Une lettre à la présidente de la commission
Non satisfait de leur rapport, l'avocat de l'association Notre-Dame de Riaumont, Me Nitkowski a dénoncé dans une lettre adressée à la députée Fatiha Keloua Hachi, présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, ce mardi 15 avril, les "dérives" de cette commission d'enquête, rapporte France 3 Hauts-de-France.
Le porte-parole des prêtres de Riaumont a reproché "un simulacre d’investigation", une "validation a posteriori d’un récit unilatéral", qui selon lui, est "loin de constituer une démarche neutre et équilibrée".
Des investigations sont en cours depuis 2013 pour des faits de viols, agressions sexuelles et violences, dans cet ancien village d'enfants religieux. En 2010 déjà, un ancien élève avait donné l'alerte en rapportant des coups de pied, des gifles, des coups de bâton et également l'interdiction de se rendre aux sanitaires la nuit.
Ils sont également plusieurs anciens pensionnaires de l'institution, à affirmer avoir été victimes de violences sexuelles ou physiques dans les années 1970 et 1990. Une enseignante avait notamment fait un signalement au parquet de Béthune, dès la fin des années 1970 Au total, six religieux de Riaumont ont été mis en examen en mars dernier, pour des violences volontaires sur mineur de 15 ans.
Un manque d'impartialité, selon Riaumont
À l'issue de leur visite le 4 avril, les députés Violette Spillebout et Paul Vannier avaient conclu que "tous les signaux étaient là pour faire part, non seulement de violences, mais de sévices sexuels", dont souffraient les enfants.
Des observations qui contredisent, selon Me Nitkowski, le "principe fondamental de non-ingérence du travail parlementaire dans des procédures judiciaires en cours". De plus, les co-rapporteurs n'auraient pas pris la peine d'écouter, a contrario, les témoignages d'anciens pensionnaires "favorables à l’institution" religieuse, plaide-t-il.
Me Nitkowski demande l'audition de l’association Notre-Dame de Riaumont devant la commission d’enquête.
Des poursuites contre une journaliste
Dans sa lettre, Me Nitkowski a également critiqué la présence d'une journaliste lors de l'audience qui s'est tenue devant l'Assemblée nationale le 20 mars dernier, au cours de laquelle des victimes de huit établissements scolaires accusés de violences avaient été entendues.
Ixchel Delaporte, qui travaille depuis de plusieurs années sur les affaires de Sainte-Croix de Riaumont, avait alors pris la parole et décrit les sévices commis dans l'institution. Des déclarations, que Me Nitkowski a qualifié de "mensongers" et "formulés sans preuves tangibles", pointe France 3.
Il a affirmé que la journaliste Ixchel Delaporte amalgamait aussi des récits datant de 1960 à 2019 qui laisseraient sous-entendre que les pratiques de Riaumont n'auraient pas évolué en près de 50 ans.
Afin d'inciter la présidente de la commission à prendre des mesures, l'avocat n'a d'ailleurs pas hésité à poser un ultimatum. Il affirme que si des poursuites ne sont pas engagées à l'encontre Ixchel Delaporte et si la commission d'enquête n'est pas dissoute, l'association Notre-Dame de Riaumont n'hésitera pas à saisir les autorités compétentes.