Suivi de l'assaillant d'Arras: pas de défaillance des services "en l'état", selon le procureur antiterroriste

Des fleurs ont été déposées ce samedi devant le lycée Gambetta d'Arras en hommage à Dominique Bernard, professeur assassiné par un terroriste. - DENIS CHARLET / AFP
Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a contesté ce matin du mardi 7 novembre sur RTL toute défaillance "en l'état" dans le suivi de l'assaillant d'Arras par les services de renseignement.
Le 16 octobre, à Arras, un professeur de français, Dominique Bernard, a été poignardé à mort devant son collège-lycée par un ancien élève, un jeune Russe originaire d'Ingouchie, Mohammed Mogouchkov, fiché pour radicalisation islamiste depuis février 2021.
"Un individu radicalisé"
L'enquête pour l'instant a-t-elle fait apparaître des ratés dans la surveillance ou la remontée des renseignements ? "En l'état, je ne vois absolument rien qui permettrait d'affirmer cela", a répondu Jean-François Ricard.
Le drame était-il évitable? "Pour arrêter une personne dans un État de droit, il nous faut des éléments tangibles. Avant son passage à l'acte, si nous savions qu'il était radicalisé, nous n'avions pas ces éléments" permettant l'arrestation, a souligné le chef du Parquet national antiterroriste (Pnat).
"Il aurait été extrêmement difficile de pouvoir le poursuivre auparavant", a-t-il insisté.
"On est en présence d'un individu radicalisé qui avait choisi de passer à l'action, manifestement depuis plusieurs mois", a souligné ce haut magistrat.
"Une tension évidente"
Interrogé sur un risque d'attentat accru en France depuis l'attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre et l'opération en réplique massive d'Israël depuis, le procureur a évoqué "une tension évidente. On la retrouve dans une multiplication d'actes antisémites".
Mais concernant l'assaillant d'Arras, il y a des "liens tout à fait marginaux" avec ce conflit. Il voulait "avant tout lutter contre ce que nous sommes, nos principes".
Entre 2019 et 2023, "sept fois plus d'affaires ont été jugées devant la cour d'assises pour terrorisme que dans les vingt-cinq années qui précèdent", a souligné M. Ricard, évoquant un "phénomène de masse".
C'est aussi la preuve d'un "effort colossal", a insisté le procureur, estimant que "les moyens sont mis à notre disposition" dans cette lutte et que la justice rend des verdicts "tout à fait explicites" en la matière.
Le chef du Pnat a enfin évoqué le phénomène "assez nouveau" et "tout à fait inquiétant" car "très peu prévisible et donc difficile à contenir" de l'implication de mineurs dans des projets d'attentats.
"Depuis près de trois ans", il y a selon lui "une augmentation très sérieuse" de cette tendance, avec "depuis le début de l'année, dix mineurs poursuivis ou mis en examen dans des projets d'actions violentes à caractère terroriste", a-t-il chiffré, "la plupart du temps (...) nés en France".