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Sciences Po Lille: les prénoms de 11 élèves inscrits sur un "mur de la honte", l'école va porter plainte

L'entrée de l'institut d'études politiques de Lille a été bloquée par des étudiants le 17 mars 2023 en protestation à la réforme des retraites.

L'entrée de l'institut d'études politiques de Lille a été bloquée par des étudiants le 17 mars 2023 en protestation à la réforme des retraites. - Sameer Al-DOUMY / AFP

Des prénoms d'étudiants de Sciences Po Lille, connus pour être contre les blocages en lien avec la réforme des retraites, ont été inscrits sur un mur sous la mention "mur de la honte" dans la nuit de dimanche à lundi.

Onze étudiants de Sciences Po Lille font l'objet de tags découverts en face de l'Institut d'études politiques. Selon l'établissement, leurs prénoms ont été inscrits sur un mur en travaux dans la nuit de dimanche à lundi, sous la mention "mur de la honte", indique la direction de l'IEP dans un message publié sur Facebook.

Les élèves, dont neuf sont "aisément identifiables" selon le directeur de l'établissement, vont porter plainte contre X pour injures publiques. La direction de l'IEP va également déposer plainte et se réserve le droit de prendre des sanctions disciplinaires si celle-ci aboutit.

"Une police de la pensée"

Parmi ces prénoms, neuf élèves sont "aisément identifiables" et avaient été les candidats de la liste "S'engager" lors des dernières élections étudiantes, relate le directeur, Pierre Mathiot dans un communiqué.

"Ils ont en commun d’avoir émis dans la période récente des critiques publiques, ou sur des listes de diffusion, sur la manière dont le mouvement social était conduit dans notre école, contre le recours aux blocages surtout", précise-t-il.

Dans son communiqué, le directeur de l'IEP condamne ces agissements et déplore des multiples "micro-agressions" du quotidien depuis l'implication des étudiants dans la mobilisation contre la réforme des retraites.

"Ces pratiques sont insupportables et condamnables. Elles visent à imposer une police de la pensée, une vision unique du bien, de ce qu’il est possible de dire et interdit d’exprimer", ajoute-t-il.

"J'en appelle au réveil collectif"

Dans son communiqué, Pierre Mathiot appelle au "réveil collectif" et condamne les élèves qui accusent les autres d'être des "fascistes ou des identitaires" car ils ne soutiennent pas la mobilisation contre la réforme des retraites.

"Si l’on ne pense pas bien c’est que l’on est contre. Si l’on est contre, c’est que l’on est un fasciste. Un tel sectarisme dépasse l’entendement", fustige-t-il.

"On franchit en revanche un cap inacceptable lorsque les menaces succèdent aux échanges", dénonce-t-il enfin en ajoutant que le pluralisme des débats doit continuer de nourrir l'institut.

Les récentes mobilisations contre la réforme des retraites ont déjà poussé Pierre Mathiot à reporter la cérémonie de remise des diplômes. Le directeur évoquait une situation sécuritaire "incertaine" et être une cible de par leur notoriété. La date de report n'a toutefois pas été communiquée. Des blocages ont été organisés ces dernières semaines à Sciences Po Lille.

Juliette Vignaud