Saturnisme autour Metaleurop: la colère d’un père après le dépistage de ses enfants

Vingt ans après sa fermeture, l'ombre de Metaleurop plane toujours sur les communes situées autour de l'ancienne fonderie du Pas-de-Calais. Pour cause, il y a quelques jours, le dépistage mené par l'Agence régionale de santé cet été, révélait que plusieurs enfants étaient bien contaminés au plomb. Le choc de l'annonce étant passé, certaines familles s'inquiètent des conséquences.
En emménageant en 2016 à Courcelles-lès-Lens, ce père de famille n'avait jamais entendu parler de la pollution au plomb. Sur demande de l'ARS, cet été, il a fait dépister ses deux enfants. Il ne s'attendait pas à ce résultat.
"Ma fille est en zone de vigilance [elle présente une plombémie supérieure à 25 µg/litre de sang], le petit de deux ans a du saturnisme", confie-t-il, au micro de BFM Grand Lille.
Le saturnisme est une intoxication aigüe au plomb qui peut créer chez l'enfant un retard de développement neurologique.
Après les résultats, le père de famille est sous le choc. "J'ai eu le sentiment d'avoir négligé quelque chose, explique-t-il. J'ai commencé à culpabiliser, à me poser un tas de questions. J'ai eu de la colère quand même, ce sont mes enfants, ce sont les enfants d'autres gens. Il y a d'autres enfants qui sont dans le même cas que les miens."
"L'État a fait un dépistage alibi"
Dans les cinq communes entourant Metaleurop, 889 enfants ont été dépistés. 61 sont placés au-dessus du seuil de vigilance et sept sont atteints de saturnisme. Ces résultats sont loin d'être définitifs, car seuls 10% des enfants ont été testés à ce jour.

Pour Me David Deharbe, spécialiste en droit de l'environnement et de l'énergie, la participation à ce dépistage a été faible, car il a été réalisé "en plein été". Il en demande un nouveau. "Il faut absolument diagnostiquer, dépister et que le préfet relance cette campagne pour avoir plus de participations", déclare-t-il ce jeudi matin, sur le plateau de BFM Grand Lille.
"Il y a sept personnes [atteintes de saturnisme] pour 10% de participants, poursuit-il. Malheureusement si on projette, ça veut dire qu'il y a sans doute une cinquantaine d'enfants statistiquement qui sont atteints de saturnisme et une obligation de suivi pour plus de 250 enfants."
L'avocat réclame donc un "dépistage obligatoire" ou "en tout cas une sensibilisation réelle des familles". "L'État a fait dans cette affaire un dépistage alibi, ce n'est pas sérieux", dénonce-t-il.
"Il faut immédiatement agir"
De son côté, la communauté d'agglomération a saisi la justice il y un an et demi pour préjudice écologique. Elle demande la dépollution des sols contaminés.
"Si on considère qu'on est face à un problème de santé publique, puisqu'on a aujourd'hui, les analyses le prouvent, des enfants qui tombent malade et bien il faut immédiatement réagir", explique Christophe Pilch, président de la Communauté d'agglomération d'Hénin-Carvin.
700 hectares seraient à dépolluer autour de Metaleurop, pour un coût estimé à 574 millions d'euros.