Roubaix: accusé de détournement de fonds publics par négligence, Guillaume Delbar appelle "à la protection des maires"

Guillaume Delbar, maire de Roubaix. - BFMTV
Alors que la procureure livrait les réquisitions à son encontre, Guillaume Delbar est resté impassible. Huit mois d'emprisonnement avec sursis et une peine d'inéligibilité de trois ans: voilà la peine à laquelle le parquet souhaite voir le maire divers droite de Roubaix (Nord) condamné.
L'élu a comparu au tribunal de Lille la semaine dernière. Il est accusé de "détournement de fonds publics par négligence". La procureure lui reproche de ne pas avoir vérifié le fléchage des fonds versés à "Ambitions et initiatives pour la réussite" (AAIR), une association de soutien scolaire suspectée de prosélytisme religieux.
L'AAIR aurait eu recours à des subventions publiques, des locaux mis à disposition gratuitement et deux volontaires du service civique "pour dispenser des enseignements religieux sous couvert de cours de langue arabe" au préjudice de la mairie et de l'État.
"Notre engagement (...) est gravement menacé"
La décision du tribunal est attendue le 8 juin, à 14h. En attendant, Guillaume Delbar a pris la plume pour se défendre. Le maire de Roubaix, qui affirme avoir reçu des menaces de mort après la diffusion d'un reportage de M6 sur l'islam radical, a adressé mardi un courrier à David Lisnard, président de l'Association des maires de France. Un document rendu public par l'écrivain Alexandre Jardin sur Twitter.
"Maires de France, notre engagement au service de la République est gravement menacé!" peut-on lire en en-tête de cette missive, également envoyée en copie -entre autres- à Éric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin.
Si la justice le condamne dans cette affaire, Guillaume Delbar estime "tous les maires de France seront demain soumis à une responsabilité sans limite vis-à-vis des associations". Un "risque" qu'il qualifie de "permanent", alors que les maires n'auraient, selon l'intéressé, que trop peu d'outils pour garder un œil sur l'usage précis des subventions.
Un "combat" devant les instances de l'État
Une telle condamnation ferait jurisprudence, déroule-t-il, et aurait pour effet secondaire de priver des associations de subventions "de peur d'une conséquence juridique pour le maire".
Guillaume Delbar le clame: il ne s'agirait ici pas seulement de son cas personnel, mais d'un problème plus global. C'est pourquoi il invite les maires de France à prendre position "pour protéger la fonction de ces attaques qui dans notre société ne peuvent que se multiplier".
Se disant "touché directement par cette décision", le maire de Roubaix affirme qu'il portera "ce combat" auprès des instances de l'État. Et demande aux destinataires de sa lettre de co-signer son "appel à la protection des maires".
Poursuivi dans une autre affaire
Une semaine avant le délibéré du 8 juin, Guillaume Delbar comparaîtra au tribunal dans le cadre d'un autre procès, en appel cette fois, aux côtés de 13 autres prévenus.
L'édile nordiste est poursuivi pour escroquerie en bande organisée et abus de confiance dans une affaire concernant un système de défiscalisation en lien avec deux micro-partis.
En première instance, en décembre 2021, Guillaume Delbar avait écopé de six mois de prison avec sursis, de 3000 euros d'amende et d'une peine d'inéligibilité de deux ans.