Prosélytisme à Roubaix: sursis requis en appel contre le maire Guillaume Delbar

Trois mois de prison avec sursis, sans peine d'inéligibilité, ont été requis jeudi à l'encontre du maire de Roubaix (Nord) Guillaume Delbar, rejugé jeudi en appel pour "détournement de fonds publics par négligence" avec trois membres d'une association suspectée de prosélytisme musulman.
Le maire DVD comparaissait devant la cour d'appel de Douai aux côtés des cadres de cette association rejugés pour "abus de confiance", le parquet ayant fait appel de la relaxe générale décidée en première instance le 8 juin 2023. La décision a été mise en délibéré au 13 janvier 2025.
Des fonds pour dispenser un enseignement coranique?
La justice reproche à l'édile roubaisien de n'avoir pas suffisamment contrôlé les subventions octroyées par la ville à l'association, qui selon la préfecture ne respectait pas "le principe de laïcité".
Cette association qui recevait des subventions pour faire du soutien auprès de jeunes en décrochage scolaire, est soupçonnée d'avoir aussi utilisé ces fonds pour dispenser un enseignement coranique adossé à des cours de langue arabe.
Une perquisition chez le président de l'association avait permis de découvrir des factures d'achats de manuels pour enseigner le coran à des débutants, et des invocations écrites en arabe destinées aux enfants.
Interrogé, Guillaume Delbar a de nouveau indiqué avoir manqué de preuves pour intervenir. Les bras tremblants, penché pour des raisons de santé, il a souligné: "Si on devait diriger une ville par la rumeur, je ne sais pas ce que cela donnerait".
Guillaume Delbar a aussi défendu le "bon travail" de l'association AAIR, "Ambitions et initiatives pour la réussite", qui avait bénéficié de plus de 50.000 euros de subventions sur quatre ans.
Les subventions pas coupées à temps
Dans ses réquisitions, le ministère public a estimé que le Guillaume Delbar, n'a certes "pas été inactif dans sa réaction", mais n'a pas coupé à temps les vivres à l'association.
Il a requis à son encontre une peine de trois mois d'emprisonnement assorti d'un sursis simple. Contrairement à la première instance, aucune peine inéligibilité n'a été requise en appel.
L'avocat général a également requis six mois d'emprisonnement avec sursis contre Nordine Khabzaoui, l'ex-président d'AAIR, et une interdiction de présider une association pendant cinq ans.
"On ne faisait pas de cours religieux ni de prosélytisme dans notre association", a assuré Nordine Khabzaoui, professeur de mathématiques.
"Ce qu'on reproche ce sont les activités opaques de l'association AAIR", avec "l'utilisation de fonds pour dispenser un cours à caractère religieux et qui va contre le principe de laïcité", a souligné le magistrat.
Il a requis l'abandon des poursuites contre le trésorier et la compagne de l'ex-président ainsi que l'association, en liquidation judiciaire, poursuivie comme personne morale.
L'avocat de Nordine Khabzaoui, Me Patrick Lambert, a déploré une enquête "orientée et parcellaire", déplorant qu'aucun des professeurs de l'association "n'a été entendu dans cette procédure".
Guillaume Delbar a par ailleurs été condamné en mai en appel à six mois d'emprisonnement avec sursis et deux ans d'inéligibilité pour escroquerie en bande organisée.