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Pas-de-Calais: la pollution au plomb toujours très présente autour de l'ancienne usine Metaleurop

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Si l'usine de Noyelles-Godault est fermée depuis 2003, la pollution au plomb est toujours bien présente dans les communes des alentours. Une enquête de France 5 révèle l'ampleur du phénomène.

Des effets qui se font toujours ressentir des années plus tard. En fermant ses portes en 2003, l'usine Metaleurop, de Noyelles-Godault, dans le Pas-de-Calais, a laissé derrière elle une forte pollution. Depuis les années 1960, des tonnes de métaux lourds ont été rejetés dans l'air et, aujourd'hui encore, la situation reste inquiétante.

Une enquête de l'émission "Vert de rage" de France 5 révèle que les sols sont toujours contaminés et que de nombreuses personnes ont été intoxiquées au plomb. D'après les mesures réalisées, la teneur de plomb est nettement supérieure au seuil d'évacuation des sols mis en place par les réglementations françaises.

5815 enfants atteints de saturnisme

Sur les lieux de l'ancien site Metaleurop, les relevés vont de 6500 mg/kg à 232.415 mg/kg, des chiffres bien supérieurs aux 300 mg/kg réglementaires.

Le constat est le même pour la commune voisine d'Evin-Malmaison: un échantillon à 1706,06 mg/kg a été relevé dans le jardin d'un habitant et un autre à 484,9 mg/kg dans l'enceinte de l'école maternelle Françoise Dolto.

L'enquête de France 5 estime que 5815 enfants auraient été atteints de saturnisme entre 1962 et 2020 à Evin-Malmaison, Courcelles-Lès-Lens, Noyelles-Godault, les trois villes qui entourent l'usine.

"On a été alertés par des citoyens et donc on a commencé à faire des prélèvements de sol, de légumes. Et puis on a fait des prélèvements de cheveux. À la fin, on s'est demandé combien d'enfants ont vraiment été touchés par le plomb ici au fil des années", explique Martin Boudot, journaliste à l'agence "Premières Lignes", à BFM Grand Lille.

600 millions d'euros de réparation

Ce vendredi, les journalistes sont allés présenter leurs résultats aux habitants d'Evin-Malmaison qui ne cachent pas leur colère.

"J'ai envie de déménager pour protéger mes enfants mais en même temps la colère me pousse à me dire qu'il ne faut pas lâcher le combat parce que c'est injuste", témoigne un habitant à BFM Grand Lille.

En décembre dernier, le tribunal administratif de Lille a rejeté 87 requêtes d'habitants d'Evin-Malmaison. Ces derniers réclamaient une indemnisation en raison des carences supposées de l'Etat dans le contrôle de la pollution engendrée par l'usine.

La communauté d'agglomération a quant à elle déposé plainte pour "préjudice écologique". Christophe Pilch, le président de la Communauté d'agglomération d'Hénin-Cavin, a estimé la réparation à 600 millions d'euros.

Il souhaite pouvoir "nettoyer toutes les terres sur ces 600 hectares" du périmètre pollué, "pour que les gens d' Evin-Malmaison, Courcelles-Lès-Lens puissent vivre normalement comme partout en France."

Marine Langlois