Pas-de-Calais: 50 ans après la catastrophe minière de Liévin, un hommage rendu aux victimes

Un demi-siècle après la catastrophe minière de Liévin (Pas-de-Calais), la ville n'oublie pas ses victimes. Les familles de ces dernières sont invitées à une cérémonie d'hommage organisée par la commune ce vendredi 27 décembre sur le parvis de l'église Saint-Amé.
Deux jours après Noël, le 27 décembre 1974, la commune est saisie par l'effroi: 42 mineurs périssent au sein de la fosse n°3-3 bis de la mine après un "coup de grisou" (une explosion accidentelle de gaz de charbon) survenu aux alentours de 6h15.
Cet accident dramatique est la plus grave catastrophe minière de l'après Seconde Guerre mondiale.
Les funérailles retransmises à la télévision
Le père d'André Verez se trouvait parmi les mineurs descendus dans les galeries ce jour-là. "Le 26 au soir, les enfants font comme d'habitude: ils vont faire un petit câlin, un bisou à leur papa. Puis le 27, les mineurs descendent. À 6h17, c'est malheureusement l'explosion", se remémore ce dernier.
Dans les heures qui suivent, les familles attendent désespérément un signe de vie de leurs époux, frère, fils... Seuls cinq mineurs remonteront à la surface, blessés, après avoir vécu une tragédie plus de 700 mètres plus bas. Par miracle, le père d'André Verez survit.
"Je suis arrivé à l'hôpital de Lens. On m'a dit: 'Votre papa est là, dans telle chambre'", raconte-t-il au micro de BFM Grand Lille. Sur place, dans une "chambre commune" de l'hôpital, André continue de chercher son père, qu'il n'a "pas reconnu" compte tenu de ses blessures.
"J'ai eu la chance de garder mon père encore quelques années. Mais est-ce que lui a eu de la chance en restant en vie?", se questionne-t-il, ému.
À l'époque, l'histoire marque profondément les habitants du Pas-de-Calais et de la France entière. Ainsi, Jacques Chirac, alors Premier ministre, "vient rendre hommage" aux victimes, alors que les "funérailles sont retransmises en direct à la télévision" le 31 décembre, comme l'explique le responsable de la médiation culturelle du centre historique minier de Lewarde, Stéphane Laridan.
"C'est la première fois qu'un juge d'instruction va descendre au fond d'une mine pour comprendre ce qu'il s'y passe", situe ce dernier.
Le chevalement conservé
Après la catastrophe, la mine de Liévin réduit ses activités. La fosse n°3-3 bis sera finalement mise à l'arrêt puis comblée en 1978. Le chevalement en béton armé du puits (qui sert à descendre et remonter les mineurs) a quant à lui été conservé et a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en mai 1992.
En France, l'activité minière, frappée par la crise économique, a connu une réduction drastique au cours des années 1980. La dernière mine de charbon du Nord-Pas-de-Calais, située à Oignies, a définitivement fermé le 20 décembre 1990.
L'église Saint-Amé, où sera rendu l'hommage aux victimes ce vendredi, s'est en partie figée dans le temps le 27 septembre 1974: son horloge reste bloquée à 6h17, l'heure du drame.