BFM Lille
Grand Lille

"On a peur, on ne dort pas": à Lille, la crainte des expulsions locatives revient avec la fin de la trêve hivernale

placeholder video
Selon l'Atelier populaire d'urbanisme Vieux-Lille, la demande de logements sociaux a augmenté de 20% en cinq ans dans le Nord, tandis que les attributions ont baissé de 19%.

Le 1er avril marque la fin de la trêve hivernale et la reprise des expulsions locatives. À Lille, Benna Masisa a reçu un ordre d'expulsion effectif le 7 avril et craint de se retrouver à la rue avec sa fille.

"C'est la souffrance, on a peur, on ne dort pas, on perd la santé même, c'est difficile", témoigne-t-elle au micro de BFM Grand Lille.

Pourtant, Benna a fait une demande de renouvellement de son titre de séjour. "Ca a trainé parce qu'il y a un dysfonctionnement au niveau de la préfecture du Nord donc c'est vraiment indépendant de ma bonne volonté", déplore-t-elle. "Du coup la préfecture a coupé mes droits donc j'ai été assignée au tribunal et (il a émis) un ordre d'expulsion".

Elle est accompagnée par Marie Le Ray, coordinatrice de l'Atelier populaire d'urbanisme Vieux-Lille, qui aide gratuitement les personnes menacées d'expulsion. "On essaie de faire au mieux et surtout en fonction de ce que la personne souhaite. Quand la personne est menacée d'expulsion mais qu'elle vit aussi, comme Benna, avec un loyer indécent et qu'elle souhaite partir, on va l'accompagner plutôt vers la recherche de relogement avec le soutien d'un avocat ou d'une avocate derrière", explique-t-elle.

"Des chiffres records absolument honteux"

L'association lilloise a accompagné 480 ménages en 2024. En avril 2025, elle en a déjà aidé 440. Selon elle, la demande de logements sociaux a augmenté de 20% en cinq ans dans le Nord, tandis que les attributions ont baissé de 19%.

"On a des chiffres records absolument honteux d'expulsions. On voit que derrière c'est de plus en plus compliqué de trouver des solutions, on a des dispositifs qui sont saturés", dénonce Marie Le Ray.

Plusieurs collectifs appellent à manifester ce samedi 7 avril à 14h30 de ka Grand Place pour défendre le droit au logement. En 2024, 24.000 ménages ont été expulsés de leur logement en France, selon le chiffre de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) publié dans un communiqué. Un chiffre "inédit" qui dépasse le précédent record de 19.000 expulsions en 2023 et qui a "doublé depuis dix ans".

Julie Michel avec Emilie Roussey