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Lille: Martine Aubry visée par une enquête pour corruption lors des municipales de 2020

Martine Aubry, maire de Lille.

Martine Aubry, maire de Lille. - AFP

INFO BFMTV – La maire de Lille est soupçonnée d’avoir offert un emploi municipal à une championne de boxe en échange de son soutien lors des municipales de 2020.

La vidéo ne dure que 34 secondes. Mais le message, diffusé quelques jours avant le premier tour des élections municipales de 2020, est clair: "Moi, aujourd’hui, je soutiens Martine Aubry parce qu’elle m’a toujours soutenue. Elle croit en la jeunesse lilloise! Voilà, je la soutiens et je crois en elle."

La championne de boxe Licia Boudersa a-t-elle monnayé son engagement en faveur de la maire (PS) de Lille en échange d’un poste d’employée municipale ? C’est ce que la justice soupçonne. Selon les informations de BFMTV, le parquet de Lille a ouvert, fin août, une enquête préliminaire pour des faits de corruption et de prise illégale d’intérêts susceptibles d’être reprochés à Martine Aubry et à la sportive, quatre fois championne du monde dans la catégorie poids super-plumes.

Contacté par BFMTV, le parquet de Lille n’a pas démenti l’information, indiquant simplement qu’il n’entendait pas "communiquer sur les plaintes dont il est destinataire". En l’espèce, plus qu’une plainte, c’est un signalement remontant à près de deux ans qui a conduit le parquet à ouvrir cette enquête le 31 août. Un signalement (article 40) rédigé par Violette Spillebout, députée (Renaissance) du Nord et candidate malheureuse aux élections municipales face à Martine Aubry. 

"Je serais avec la personne qui me trouvera du travail"

L’élue se demande si Licia Boudersa n’a pas obtenu un travail d’animatrice sportive à la mairie de Lille en échange de messages de soutiens multiples postés notamment sur les réseaux sociaux en faveur de Martine Aubry avant le scrutin. Tout simplement parce que la boxeuse lui aurait proposé le même genre de deal à l’époque.

Dans des échanges de SMS transmis à la justice et que BFMTV a pu consulter, la boxeuse ne fait, en effet, pas mystère de sa volonté de tirer avantage de la situation. "J’ai toujours dit que ma priorité était mon boulot", indique-t-elle ainsi à l’une de ses interlocutrices avec qui elle discute du sujet à l’époque.

"Moi, je m’en fous complètement de la politique, mon intérêt est personnel. Aujourd’hui, je suis au chômage. Donc, je n’ai pas à être jugé par qui que ce soit. La politique détruit des familles et des amis, par choix. Moi je n’ai fait aucun choix, mais j’ai toujours dit que je serais avec la personne qui me trouvera du travail", ajoute-t-elle.

Est-ce donc pour cela qu’elle a rejoint le comité de soutien de Martine Aubry? Pour la justice, la question se pose. Car, le 16 mars 2020, alors que la France plongeait dans son premier confinement dû au Covid, Licia Boudersa commençait, elle, un contrat à durée déterminée d’un an en qualité d’Educatrice sportive.

Pourtant, à la même époque, la championne était coincée en Algérie en raison de la pandémie de Covid. Son compte Instagram la montre ainsi en train de s’entraîner sur une plage. "On ne baissera jamais les bras même confiné ou bloqué", disait-elle alors en guise de légende.

Déjà tranché par la justice administrative pour selon la ville

A l’époque, la situation avait heurté le syndicat CFDT qui s’était fendu d’un communiqué pour dénoncer le fait que Licia Boudersa bénéficie, d’un seul coup, d’un contrat au nez et à la barbe de plusieurs vacataires qui attendaient la même chose depuis des années. Mais la campagne pour les municipales avait poursuivi son cours et Martine Aubry avait été réélue pour un quatrième mandat à la mairie de Lille.

Contactée ce mercredi par BFMTV, la boxeuse indique seulement qu’elle a, par le passé, bénéficié de plusieurs autres contrats de vacataire pour la mairie de Lille depuis des années et qu’elle n’a "rien à dire de plus" sur ce sujet.

Quant à la mairie de Lille, elle précise ne pas être informée de l’existence de cette enquête préliminaire. Mais, en tout état de cause, que celle-ci ne suscite "aucune inquiétude", le sujet du contrat de travail de Licia Boudersa ayant déjà été "examiné et validé de façon très claire" par la Commission nationale des comptes de campagne d’une part, et le tribunal administratif de Lille d’autre part. Cette fois-ci, c’est la justice pénale qu’il va falloir convaincre.

Vincent Vantighem avec Benjamin Rieth