Liévin: un religieux de Riaumont jugé mardi pour détention et consultation d'images pédopornographiques

C'est une première pour un membre de la communauté catholique traditionaliste de Riaumont à Liévin (Pas-de-Calais). Alain Hocquemiller, un ancien prieur du pensionnat, sera jugé à partir de 13h30 ce mardi 11 mars au tribunal judiciaire de Béthune.
Il est poursuivi pour consultation, acquisition et détention d'images pédopornographiques. Les faits qui lui sont reprochés s'étendent de janvier 2012 à avril 2017.
C'est grâce à une autre procédure, dans laquelle Alain Hocquemiller est aussi mis en examen, que la justice en est venue à le poursuivre aussi pour détention et consultation d'image pédopornographique.
En 2017, alors qu'une information judiciaire a déjà été ouverte, notamment pour des faits de violences commis dans le village d'enfants de Riaumont, le père Alain est placé en garde à vue le 25 avril 2017, cette fois pour détention et consultation d'image pédopornographique.
Dans le cadre de cette première information judiciaire, les enquêteurs ont procédé à une perquisition à Riaumont et ont saisi notamment l'ordinateur personnel du religieux. Ils y ont découvert près de 2.000 fichiers à caractère pornographique, dont une partie des films et images mettant en scène des mineurs.
Il réfute le caractère pédopornographique de ses recherches
Mis en examen en avril 2017 pour consultation et détention d'image pédopornographique, Alain Hocquemiller expliquait face à la juge d'instruction ne pas avoir recherché spécifiquement des contenus impliquant des mineurs.
Selon ses dires, il aurait restreint ses recherches à des jeunes adultes, pour "se distraire de ses envies sexuelles, gérer ses pulsions, et enfin avoir des connaissances en matière de sexualité pour mieux gérer les situations relatives à la sexualité de ses pensionnaires".
Des portraits de jeunes enfants ou de fillettes en maillot de bain ont par ailleurs été retrouvés.
L'ex-prieur, dont le casier judiciaire est vierge, estimait que les images à caractère pédopornographique étaient "résiduelles" et qu'elles ne pouvaient être représentatives de la totalité des consultations qu'il a effectuées. Il risque jusqu'à 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende. Concernant les faits de violences de l’information judiciaire initiale ouverte en 2014, pendant laquelle intervient la perquisition, Alain Hocqueviller est finalement mis en examen en 2019.
Un premier procès symbolique
Le procès qui débute ce mardi est très attendu par certains anciens élèves car il s'agit de la première fois qu'un membre de cette communauté catholique est jugé. Cette dernière est pourtant dans le viseur des autorités depuis des années.
Concernant les faits de violences, Alain Hocqueviller vient aussi, comme cinq autres religieux, de faire l'objet d'une demande de renvoi par le parquet de Béthune devant le tribunal correctionnel pour être jugé du chef de violences sans incapacité sur mineur de 15 ans. Des faits commis derrière les murs de Riaumont entre janvier 2007 et avril 2017.
"Ce premier procès représente la preuve que Riaumont peut être enfin puni Jusqu'à maintenant, ils sont toujours passés entre les mailles du filet (...) Si là, cela passe à travers, je ne comprendrai pas... C'est que quelque chose n'est pas normal derrière", estime Adrien, victime présumée et scolarisée de 1992 à 1995.
Installée depuis 1960 sur une vaste propriété boisée à Liévin, près de Lens, cette communauté religieuse ne faisait guère parler d'elle jusqu'à la révélation en 2018 de plusieurs enquêtes judiciaires la concernant, sur des faits de nature sexuelle et de maltraitance d'enfants, avec 11 mises en examen au total.
Depuis 2019, la communauté de Riaumont à Liévin n'accueille plus d'élèves. Son école hors contrat a été radiée par le rectorat de l'académie de Lille et les séjours de scouts y ont été interdits récemment.