"Les regarder avec le regard de mon frère": la sœur du père Hamel regrette de ne pouvoir être confrontée aux assassins de son frère

Roseline Hamel a accueilli nos caméras chez elle à l'occasion de l'ouverture ce lundi du procès relatif à l'assassinat de son frère, le père Jacques Hamel, tué par deux jeunes jihadistes en son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, le 26 juillet 2016.
Absences
Des absences planent au-dessus de ce procès pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et complicités qui s'ouvre ce lundi devant la Cour d'assises spéciale de Paris. L'audience, qui s'étirera jusqu'au 11 mars, s'inscrit dans le cadre de l'enquête autour de l'assassinat, au matin du 26 juillet 2016, du père Jacques Hamel en son église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, tandis que l'un de ses paroissiens était grièvement blessé et trois soeurs retenues en otages.
En effet, le procès ne pourra entendre ni les meurtriers de 19 ans - éliminés le même jour lors de l'opération de police - ni Rachid Kassim, commanditaire présumé du crime et jugé ici par coutumace en tant que commanditaire présumé du crime, car présumé mort en 2017 à Mossoul. Les séances auront donc à charge d'établir et jauger les responsabilités éventuelles de trois personnes: Farid Khelil, aujourd'hui âgé de 36 ans, Yassine Sebihia, 27 ans, Jean-Philippe Steven Jean-Louis, 25 ans. Ils encourent jusqu'à 20 ans de prison.
"Le regard de mon frère"
Mais, devant notre équipe, Roseline Hamel, qui vit à Armentières dans le Nord, évoque avant tout la figure des deux assassins, leur associant le souvenir du défunt.
"S'ils avaient été encore là, j'aurais essayé de les regarder avec le regard de mon frère", glisse-t-elle.
Car Jacques Hamel, tué à l'âge de 85 ans alors qu'il achevait une messe tenue devant la faible assistance d'un mardi matin du coeur de l'été, laisse avant tout à la postérité l'image d'un prêtre ayant assumé son ministère jusqu'au bout.
"C'est très important parce que c'est d'un religieux dont il s'agit, qui a été massacré pendant son sacerdoce, en habit de prêtre", précise ainsi Roseline Hamel.
C'est le diocèse de l'archevêque de Rouen, Monseigneur Dominique Lebrun, qui endosse la partie civile dans ce procès. "Je ne peux pas me dérober à ce regard, à cette rencontre avec ces personnes et avec les assassins à travers cette histoire qui va être mise devant mes yeux", nous explique Dominique Lebrun.
Une autre procédure: la béatification d'un "martyr"
Le père Paul Vigouroux a encore ravivé la mémoire d'un religieux que le pape François avait qualifié de "martyr" sans tarder.
"L'important pour lui, c'était la rencontre avec les autres, accueillir les autres, manifester la tendresse et l'amour de Dieu à travers ces gestes de sa vie quotidienne, de son ministère de prêtre, les sacrements et de son accueil au presbytère", résume Paul Vigouroux.
Ce dernier est par ailleurs l'un des postulateurs pour la béatification du père Jacques Hamel. Ce dossier, déposé en avril 2019 au Vatican, suit son cours auprès de la Congrégation pour les causes des saints.
