Les friteries du Nord-Pas-de-Calais redoutent une pénurie d'huile

Dans cette friterie de Lille, les frites continuent de frémir, mais pour combien de temps? La guerre en Ukraine fait craindre une pénurie d'huile de tournesol et même d'huile de friture. Dans un communiqué, repris par l'AFP et publié vendredi dernier, l'ONG Foodwatch explique que "deux tiers des importations françaises de tournesol proviennent d'Ukraine, principalement pour la fabrication d'huile et de tourteaux pour l'alimentation animale".
Cette pénurie serait du jamais vu pour certains dirigeants de friterie.
"Mon fournisseur m'a dit qu'il y allair avoir une pénurie d'huile, explique à BFM Lille Myriam Khoualed, dirigeante de la friterie "Au petit festin" à Lille. Même lui, il ne sait pas s'il sera livré. On est tous dans l'incertitude (...) c'est la galère là. Il faut absolument que je puisse travailler quand même."
Depuis ses débuts, il y a 18 ans, Myriam n'a jamais loupé un jour derrière ses fourneaux. Pour continuer de cuire ses frites, elle a décidé de stocker l'huile.
"J'ai commandé à mon fournisseur, des cartons, qu'il a mis de côté dans sa société, explique-t-elle. Ça me fera un petit mois, mais pas plus."
À quelques kilomètres de là, pour Patrick Sengulen, dirigeant de la friterie "Pat à frites" à Lille, la situation est différente, car il utilise "deux graisses, l'huile végétale et l'huile animale". Même s'il ne manquera pas d'huile, la guerre en Ukraine a quand même des conséquences sur son affaire. Les prix des bidons ont flambé.
"L'huile de tournesol est plus chère, le gras de boeuf ça va encore, évalue-t-il. Mais, il a pris aussi une augmentation de 32%, le prix est élevé en ce moment."
Faire du stock ou utiliser d'autres graisses suffira-t-il? Bertrand Ouillon, délégué général de l'Interprofession française de la valorisation de la pomme de terre (UGPT), s'est montré rassurant, auprès de l'AFP, sur les disponibilités des huiles.
"À priori, nos industriels sont couverts en huile, au moins jusqu'à cet été", assure-t-il, citant "des disponibilités en colza" et expliquant que les professionnels travaillent" sur des alternatives au tournesol, des panachages d'huiles".
Cette pénurie d'huile ne menace pas que les friteries du Nord et du Pas-de-Calais. De l'autre côte de la Manche, les restaurateurs britanniques peinent également à se procureur de l'huile de tournesol pour cuisiner des fish and chips.