"Des petits bijoux": des experts de la fédération européenne du patrimoine au secours des courées de Roubaix

Des experts européens sont venus du 11 au 13 septembre à Roubaix pour visiter les courées de l'Épeule, des maisonnettes ouvrières du 19e siècle accolées les unes aux autres et formant des ruelles privées.
Ils ont visité l'une des 91 maisons concernées par le projet de démolition de la mairie prévu depuis 2022 et contre lequel se mobilisent des habitants et des associations.
"Mettre un coup d'arrêt" à la destruction
Selon les experts présents sur place, ces courées regorgent de richesse. "Fenêtre à guillotines, système de ferme à tréteaux,...", recense Étienne Poncelet, architecte et expert de l'association Europa Nostra (fédération européenne du patrimoine européen). "Les élus doivent comprendre à quel point ils ont des petits bijoux, des petits éléments précieux qu'il faut à tout prix mettre en valeur sur le plan architectural, urbain, social, écologique", ajoute-t-il.
Europa Nostra a décidé, au début de l'année (lien vers un site en anglais, NDLR), de classer ces courées parmi une liste de sept sites en danger pour "mettre un coup d'arrêt au projet de démolition de la municipalité".

10.000 euros de dotation
L'association de défense du patrimoine bâti et paysager du Grand Lille, Métropole Label, pense que l'intervention de la fédération peut être décisive. "Europa Nostra a déjà classé les années précédentes des sites français qui étaient en danger et dans les deux cas, elle a réussi à convaincre les autorités locales et nationales", rappelle Thierry Baert, le président de l'association lilloise.
"C'est qui est fait dans d'autres pays, peut se faire à Roubaix. Nous sommes ensemble, c'est l'Europe qui est là", assure Etienne Poncelet.
Ce classement va même permettre de débloquer une dotation de 10.000 euros de la banque européenne d'investissement. Une somme qui n'impressionne pas la mairie de Roubaix qui persiste dans la défense de son projet de réhabilitation.
"C'est réussir à faire des équipements, un centre social qui ait du sens, remettre des jardins, des parcs. Ces 10.000 euros par rapport à 130 millions d'euros paraissent assez anecdotiques", assure Pierre-François Lazzaro, adjoint au maire chargé des quartiers Nord de la ville, qui précise par ailleurs que le projet va permettre de conserver une centaine de courées.