Denain: 200 personnes rassemblées contre l'antitsiganisme après des propos controversés de la maire

Des personnes manifestant à Denain (Nord) le samedi 30 novembre 2024 contre l'antitsiganisme. - Ersilia Soudais/X
Quelque 200 personnes se sont rassemblées ce samedi 30 novembre à Denain (Nord) pour protester contre l'antitsiganisme après des propos controversés de la maire sur "l'installation illicite" des gens du voyage dans sa commune, des propos "appelant à la haine", selon les manifestants.
La maire PS de Denain Anne-Lise Dufour-Tonini a publié une vidéo le 21 octobre sur le compte Facebook de la ville, pointant "de nombreuses installations illégales" à Denain depuis plusieurs mois qui entraînent "des dégradations importantes et des problèmes d'hygiène".
Affirmant que ces installations avaient un "coût énorme pour la ville", elle y encourage les habitants à "aider" la municipalité et à "rester vigilant", "comme ces riverains" qui l'ont alertée et qui ont "permis de bloquer l'arrivée des gens du voyage avant que les caravanes ne s'installent".
"C'est un appel à la haine", a réagi Sue-Ellen Demestre, directrice du collectif Da So Vas, une association de lutte contre le racisme à l'initiative du rassemblement. "Elle appelle à dénoncer, elle demande aux Français d'agir contre d'autres Français", a-t-elle dénoncé.
"Des gens du voyage se sont sentis insultés"
Pour Sue-Ellen Demestre, elle-même issue de la communauté des gens du voyage, les propos de la maire impliquent que "nous ne sommes pas des gens civilisés, que nous ne connaissons pas les codes".
Une plainte a été déposée par l'association auprès du parquet de Valenciennes pour "incitation publique à la haine et à la violence raciste", a précisé leur avocate, Anina Ciuciu.
Présente lors de la manifestation, l'eurodéputée écologiste Marie Toussaint a condamné des propos "intolérables". "Des gens du voyage se sont sentis insultés" par ces déclarations, qui appellent "à la stigmatisation d'une communauté particulière", a-t-elle affirmé.
La députée LFI Ersilia Soudais, également sur place, a fait un signalement au parquet de Paris pour incitation à la haine.
La municipalité souligne qu'elle "respecte ses obligations légales en disposant d'une aire d'accueil équipée d'un bloc sanitaire, pouvant recevoir une quarantaine de caravanes", a déclaré à l'AFP Yohan Senez, directeur de cabinet de la maire.
Mais "depuis plus d'un an, nous observons des campements illégaux, néfastes pour le voisinage et le développement économique, dans une forme d'anarchie totale". La maire a déposé trois plaintes pour menaces de mort depuis la publication de cette vidéo, a-t-il ajouté.