Ces habitants "encerclés d'éoliennes" fustigent un "sentiment d'envahissement" dans le Pas-de-Calais

Le Pas-de-Calais est l'un des départements de France les plus couverts de pales d'éoliennes. Les autorités dénombrent près de 550 mâts implantés, notamment dans le Ternois, les Hauts Pays du Montreuillois ou la plaine du Boulonnais.
Localement, des riverains n'en peuvent plus et dénoncent un appauvrissement de leur cadre de vie. "Aujourd'hui, l'éolien nous encercle, complètement, il a ce côté très anxiogène, certains habitants décrivent des symptômes compliqués à vivre au quotidien notamment des acouphènes", décrit Valérie Delsaux, présidente du collectif 62134, hostile aux éoliennes, au micro de BFM Grand Lille.
Elle poursuit: "Certains d'entre eux ne profitent même plus de l'extérieur, c'est le cas notamment des habitants de Boyaval qui sont encerclés d'éoliennes alors qu'ils ont fait le choix de ne pas en avoir".
30% de la production nationale
Cette injustice est également partagée par des élus régionaux, puisque les Hauts-de-France ne représentent que 8% du territoire national, mais couvrent 30% de la production éolienne nationale.
Pour Christophe Coulon, vice-président de la région, ce constat repose sur une logique cynique. "Je suis persuadé qu'ils viennent chez nous parce que nous sommes une région pauvre et je pèse mes mots. On est en recherche, pour des municipalités et des agriculteurs qui peuvent rencontrer des difficultés pour équilibrer des exploitations", considère l'élu en charge des infrastructures de transport et des ports.
"Quand on a besoin d'argent, on est plus ouvert à l'idée de l'implantation d'une éolienne, on a donc une surconcentration de mâts éoliens chez nous, à tel point qu'on a ce sentiment d'envahissement, de saturation", ajoute-t-il.
Or, la région n'a pas la possibilité de s'y opposer et doit se plier à la volonté des préfets qui autorisent les projets ou des juges, qui donnent raison aux porteurs de projet lorsque des recours sont formés.
94% d'avis négatifs
La majorité régionale n'est pas hostile à toutes les pales et promeut ainsi les éoliennes offshores comme à Dunkerque bien que le projet ait reçu 94% d'avis négatif lors de l'enquête publique.
"Quand j'ai appris le détail de la configuration de ce projet, à savoir 46 éoliennes de 300 mètres de haut à dix km de la plage, ça a fait un choc dans ma tête", décrit Florent Caulier, président de l'association Vent Debout 59.
Opposant à ce projet, il dénonce sa taille. "C'est pas possible d'avoir des éoliennes de la taille de la Tour Eiffel proche de la côte, qui vont boucher l'horizon de toutes les plages des dunes de Flandres", se désole-t-il.
Pour l'élu régional, ce projet aura des retombées économiques positives sur le Dunkerquois. La politique de la majorité des Hauts-de-France est de diversifier ses sources d'énergie.
"Il faut qu'il y ait un mix. Mettre tous les œufs dans le même panier, ça n'est pas bon donc il faut bien sûr de l'énergie renouvelable qui soit décarbonée, mais il faut aussi bien sûr du nucléaire et en France, nous avons cette filière d'excellence. Les deux nouveaux réacteurs EPR de Gravelines vont permettre à notre région d'être à l'avant-garde de la production d'énergie décarboné par le nucléaire", ajoute l'élu.