Au cœur du campement de Grande-Synthe, où 1200 migrants espèrent rejoindre l'Angleterre

"La nuit il fait très froid, l'eau traverse la tente, on n'arrive pas à dormir plus de cinq heures par jour, on se lève très tôt pour aller charger nos téléphones" assure Mohamed. Cet Irakien de 22 ans vit depuis trois mois avec trois de ses amis dans un campement de migrants installé à Grande-Synthe (Nord), dans l'espoir de pouvoir un jour rejoindre l'Angleterre malgré trois premières tentatives infructueuses.
Mais jeudi, un migrant a été retrouvé mort sur une plage de Wissant (Pas-de-Calais) à proximité d'une petite embarcation. Depuis, Mohamed a peur de retenter sa chance par la mer. "Il faut essayer par les camions, tu essaies 10 fois, 20 fois et ça marchera" espère-t-il au micro de BFM Lille.
Entre 1200 et 1500 migrants
Comme lui, entre 1200 et 1500 personnes essaient de survivre dans le camp de Grande-Synthe. Azizi, une Iranienne arrivée depuis un mois et demi, vit là-bas avec son mari et ses trois enfants. Mais avant de monter à bord d'un bateau, la famille "va attendre 8 ou 9 mois, quand le temps sera meilleur". Outre les conditions météorologiques, il faut aussi avoir les moyens financiers de traverser car les passeurs demandent plus de 2900 euros par personne.
Pour réussir à passer l'hiver, ces migrants sont soutenus par de nombreuses associations comme Utopia56.
"L'équipe de bénévoles effectue des maraudes sur les campements pour distribuer un numéro d'urgence pour que les personnes puissent nous contacter si elles sont en détresse, si elles ont besoin d'accéder au service de secours, ou si elles ont besoin d'une mise à l'abri" explique Anna Richel, coordinatrice de l'association à Grande-Synthe.
"La situation est très tendue"
Martial Beyaert, le maire de la ville, a, de son côté, qualifié les conditions de vie de ces migrants "d'indignes" au micro de BFMTV. C'est pourquoi il a adressé un courrier au ministre de l'Intérieur cette semaine afin qu'il nomme un médiateur, comme à Calais.
"Je demande qu'un médiateur soit nommé ici sur Grande-Synthe, car ici le médiateur de la République c'est le maire de Grande-Synthe, c'est lui qui rencontre les associations, les donneurs d'ordre, les riverains, les possesseurs de jardins ouvriers à coté de camp. Il faut que l'Etat prenne ses responsabilités et vienne faire une table ronde pour évoquer le dossier des migrants qui vivent dans des conditions indignes dans la ville" a exhorté Martial Beyaert.
"On est les lanceurs d'alerte aujourd'hui pour dire que ça va exploser à Grande-Synthe, la situation est très tendue."