"Tout le monde est perdant": de nombreux pays en colère face aux nouveaux droits de douane américains

Donald Trump signe un décret sur les droits de douane à la Maison Blanche le 2 avril 2025 - Andrew Harnik / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Les réactions fusent après les annonces choc de Donald Trump. Et pour cause: le président américain a dévoilé mercredi 2 avril de nouveaux droits de douane dits "réciproques" d'au moins 10% sur toutes les importations aux États-Unis, au risque de provoquer une hausse des prix et d'engager une guerre commerciale mondiale.
Ces nouvelles taxe sont prévues en deux temps, a précisé un responsable de la Maison Blanche à la presse: le 5 avril à 6h01 (heure française) pour les droits de douane d'au moins 10% sur tous les produits entrant aux États-Unis, et le 9 avril à 6h01 pour les droits de douane majorés visant des géants comme la Chine et l'Union européenne.
Le Canada, déjà très touché par les nouvelles taxes américaines sur l'acier et l'aluminium, s'est empressé de manifester son mécontentement.
Nous allons combattre ces droits de douane avec des contre-mesures", a déclaré le Premier ministre Mark Carney, selon qui les nouveaux droits de douane vont "fondamentalement changer" le commerce international.
"Une escalade ne ferait qu'aggraver les dégâts"
Si certains pays ont appelé à "garder la tête froide", comme le rapporte l'industrie chimique allemande, soulignant qu'"une escalade ne ferait qu'aggraver les dégâts", d'autres puissances économiques, notamment européennes, n'ont pas attendu pour exprimer leur rejet face à cette taxe.
À commencer par le Premier ministre irlandais Micheal Martin qui a dit "profondément regretter" ces droits de douane imposés à l'UE et a appelé les 27 à réagir au plus vite.
"Toute action doit être proportionnée et viser à défendre les intérêts de nos entreprises, de nos travailleurs et de nos citoyens", a déclaré le dirigeant, dont le pays accueille les sièges européens des grands groupes américains et enregistre l'excédent le plus large des membres de l'UE avec les États-Unis.
En effet, la colère est vive au sein de l'Union européenne, car les produits importés supporteront des droits de douane très lourds comparé à certains autres pays, avec une taxe élevée à 20 %.
"Coup dur"
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a estimé ce jeudi que les annonces de Donald Trump étaient "un coup dur" pour l'économie mondiale. Regrettant "profondément" cette décision, elle a affirmé que les Européens étaient "prêts à réagir" et travaillaient déjà à "un nouveau paquet de contre-mesures" au cas où les négociations avec l'administration américaine, ardemment souhaitées par l'UE, devaient échouer.
"L'introduction par les États-Unis de droits de douane à l'égard de l'UE est une mesure que je considère comme mauvaise", a déclaré de son côté la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui "parvenir à un accord avec les États-Unis.
"Personne n'est gagnant, tout le monde est perdant", a également estimé Lars Løkke Rasmussen, ministre des Affaires étrangères au Danemark. "L'Europe restera unie. L'Europe donnera des réponses solides et proportionnées", a-t-il ajouté après l'annonce du milliardaire américain.
Avant le discours de Donald Trump, la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas avait d'ores et déjà annoncé que l'Union européenne ripostera au cours des prochains moins contre cette taxe exceptionnelle.
Il y aura deux ripostes. La première, qui aura lieu mi-avril, est une riposte aux droits de douane déjà décidés sur l'acier et l'aluminium", a-t-elle déclaré suite au Conseil des ministres.
Le Brésil adopte une loi de riposte aux droits de douane
Ce qui n'est pas du goût du Royaume-Uni qui n'entend pas riposter immédiatement. Le ministre du Commerce, Jonathan Reynolds a annoncé sa volonté de conclure un accord avec les États-Unis pour "atténuer" l'impact des droits de douane.
"Les États-Unis étant notre allié le plus proche, notre approche consiste à rester calme et à nous engager à conclure cet accord qui, nous l'espérons, atténuera l'impact de ce qui a été annoncé aujourd'hui", a-t-il déclaré.
Autre ambiance du côté du Brésil, qui a décidé d'adopter une "loi de la réciprocité" donnant au gouvernement des moyens pour répliquer aux barrières commerciales à ses exportations.