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Retraites, salaires, logement… Ce qu'il faut retenir du grand oral des législatives face au patronat

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Les représentants des principaux blocs politiques étaient invités à défendre les grandes lignes de leur programme devant les organisations patronales.

Jeudi, Édouard Philippe (Horizons) Boris Vallaud et Eric Coquerel (Nouveau Front populaire), Jordan Bardella (Rassemblement national) et Eric Ciotti (LR-RN), Bruno Le Maire (Ensemble pour la République) et Bruno Retailleau (Les Républicains) ont passé un grand oral devant les organisations patronales en tant que représentants des principaux partis ou coalitions en lice pour les élections législatives.

Il s'agissait notamment de "rassurer" les entreprises sur la réalité de leurs engagements économiques et leur soutenabilité. Au menu, revalorisations salariales, pression fiscale, situation des dépenses publiques, réforme des retraites, politique du logement et politique énergétique.

• Revalorisation des salaires

Le Nouveau Front populaire (NFP), représenté jeudi par Boris Vallaud et Eric Coquerel, défend l'ouverture "d'une conférence sociale sur les salaires", afin de faire migrer une "partie des revenus qui sont venus nourrir les rentes actionnariales vers les revenus du travail". La coalition défend une politique keynésienne où l'augmentation des salaires viendra accroître la demande et donc les commandes des entreprises.

Le Rassemblement national, incarné par Jordan Bardella et son allié Éric Ciotti, pourfend un modèle où les "salaires sont trop faibles et les charges sont trop lourdes". Le parti d'extrême-droite veut "donner la liberté [aux entreprises] d'augmenter les salaires sans que cela pèse sur [leur] activité", en permettant "jusqu'à 10% de hausse de salaire exonérée de cotisations patronales" pour les salaires jusqu'à trois fois le Smic.

Édouard Philippe, pour Horizons, propose, lui, en lieu et place d'une augmentation de salaires, de mieux associer les salariés à la valeur du capital créé par l'entreprise.

• Impôts et fiscalité

Pour Boris Vallaud, les multinationales ne sont pas suffisamment taxées: "40% des résultats des multinationales sont consolidés dans des paradis fiscaux". En cas de victoire du NFP, un effort fiscal supplémentaire sera demandé sur le patrimoine des particuliers et sur les multinationales. Le cadre fiscal des PME, qui représentent "92% des entreprises", ne serait pas concerné.

Jordan Bardella estime, lui, que les impôts de production sont trop élevés et demande une suppression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), de la C3S, et le maintien des heures supplémentaires défiscalisées.

La majorité présidentielle, incarnée jeudi par Bruno Le Maire, promet également la suppression de la CVAE d'ici à 2027 pour soutenir l'industrie.

Bruno Retailleau, présent pour Les Républicains, a également indiqué qu'il ne fallait pas augmenter les impôts.

Enfin, Édouard Philippe s'est déclaré favorable à une "règle d'or" empêchant "d'augmenter la pression fiscale au-delà d'un certain taux" et "peut-être aussi de créer une règle juridique qui contraint l'État […] à ne pas laisser dériver la dépense publique".

• Dette et finances publiques

Chez Horizons, afin d'assainir la situation des finances publiques, un recentrage de l'État vers des dépenses plus régaliennes doit être opéré.

"L'État doit être débarrassé de certains sujets dont il n'a pas à s'occuper", a estimé Édouard Philippe.

Jordan Bardella, qui déplore "une déraison budgétaire dans laquelle nous sommes plongés depuis 2017", propose un audit des comptes de la nation. À la suite duquel la lutte contre la fraude et la réduction des dépenses sociales liées à l'immigration seront engagées.

L'actuel ministre de l'Économie a, lui, promis un retour sous les 3% de déficit en 2027, arguant que le rééquilibrage des comptes publics est une priorité absolue "ce qui distingue [Ensemble pour la République] des autres projets.

"En 2027, les intérêts de la dette absorberont la totalité de l'impôt sur le revenu", a de son côté relevé Bruno Retailleau qui y voit un problème de soutenabilité. Le représentant des Républicains indique que les 7 milliards trouvés ces dernières semaines ont été "assez simples à trouver". Le sénateur défend une baisse du nombre d'agents publics.

• Retraites

Citant notamment l'exemple de l'Italie, Édouard Philippe a relevé que tous les pays d'Europe ont choisi d'augmenter la durée de cotisation pour équilibrer leur système de retraite.

Le Rassemblement national annonce, lui, ne pas décaler l'âge de départ à la retraite tout en relevant une réforme "injuste socialement" et "très coûteuse sur le plan économique", puisque deux tiers des actifs de 60 ans seraient sans emploi. Jordan Bardella s'engage aussi en faveur des carrières longues: ceux qui ont travaillé avant 20 ans partiront à 60 ans avec 40 annuités.

Bruno Le Maire a taclé les oppositions, relevant que le retour à la retraite à 62 ou 60 ans relève du "contretemps complet". Le ministre, qui confirme poursuivre l'indexation des retraites sur l'inflation, entrouvre la voie à un futur débat sur le financement de notre modèle social. Notre modèle social, "80 ans plus tard: c'est beaucoup de prestations, moins de cotisants, ça ne peut pas tenir", a déclaré le ministre.

• Politique énergétique

Le débat s'est cristallisé sur le rapport des différents blocs politiques au nucléaire et au coût de la facture d'énergie pour les particuliers comme pour les entreprises.

Si le Nouveau Front populaire reconnaît être "pour la sortie du nucléaire," aucune fermeture complémentaire de centrale n'est envisagée en cas de victoire le 7 juillet. Un retravail sur le programme de Grand Carénage concernant la durée de vie des centrales est mis sur la table. La coalition insiste sur la dette écologique et la nécessité de "changer nos modes de production et de consommation".

Jordan Bardella, pour le Rassemblement National, souhaite sortir des règles européennes de fixation des prix de l'électricité en engager une négociation auprès de la Commission pour retrouver "un prix français de l'électricité". Il propose également une baisse de "la TVA sur l’électricité, le gaz le fioul et le carburant".

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire défend, lui, la construction de six réacteurs nucléaires qui ouvrira "des chantiers industriels comme la France n'en a pas connus depuis 50 ans" et défend la complémentarité avec les énergies renouvelables, dont la production des champs éoliens offshore. Concernant les tarifs de l'électricité, le ministre annonce une "réouverture des négociations avec EDF" pour les contrats de long-terme.

• Logement

Édouard Philippe a dénoncé un marché du logement grevé par une fiscalité absurde, tant au moment de l'acquisition, de la détention ou de la cession. Il souhaite passer d'une logique de subvention de fonctionnement à une logique d'investissement, soit un "changement de pied complet".

Bruno Le Maire a fait un mea culpa sur la politique du logement, reconnaissant que le gouvernement n'en a pas fait assez.

Marine Landau