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Législatives: revivez le grand oral des représentants des principaux partis devant le patronat

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Jeudi matin, les représentants des principaux blocs politiques aux législatives ont été auditionnés par le patronat sur leurs programmes économiques.

C'est la fin du grand oral et de ce direct

Bruno Retailleau était le dernier représentant à monter sur scène. Il a succédé à Édouard Philippe (Horizons), Boris Vallaud et Eric Coquerel (Nouveau Front populaire), Jordan Bardella (Rassemblement national) et Eric Ciotti (LR-RN), et Bruno Le Maire (Ensemble pour la République).

Merci d'avoir suivi ces auditions sur notre site. Pour aller à l'essentiel, lisez notre article sur ce qu'il faut retenir de ce grand oral économique.

À bientôt pour un nouveau direct.

Ceta: Bruno Retailleau appelle à un "libre-échange juste"

Malgré des convictions "libérales", "j'ai voté contre le Ceta", le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, a reconnu Bruno Retailleau, pour qui "le monde d'aujourd'hui n'est pas un monde de Bisounours".

"J'ai pris un engagement auprès des agriculteurs, c'est de ne jamais voter un accord de libre-échange si on fait passer par les importations des pratiques qu'on interdit en France", s'est-il justifié, citant le "résidu de glyphosate qu'on accepte" dans les lentilles importées du Canada "100 fois supérieur" à nos propres normes.

Ce rejet du Ceta par le Sénat était un "avertissement". "Je veux le libre-échange mais arrêtons, à Bruxelles, de laisser tout entrer", a déclaré Bruno Retailleau, qui appelle à un "libre-échange juste".

Bruno Retailleau assure que "les intérêts de la dette absorberont la totalité de l'impôt sur le revenu" en 2027

"En 2027, nous ne respecterons pas les critères de Maastricht. La trajectoire du gouvernement est fausse", a assuré Bruno Retailleau devant les patrons. "Cela signifie qu'en 2027, les intérêts de la dette absorberont la totalité de l’impôt sur le revenu", a-t-il dit.

Pour le sénateur, "on approche d'une situation critique où il se pourrait qu'on ait un problème de soutenabilité. (...) Ne pensez pas que la France, c'est too big, too fail", a indiqué le président du groupe LR au Sénat.

"On peut baisser le nombre d'agents publics": Bruno Retailleau réclame une réforme de l'Etat

Dernier intervenant lors de ce grand oral devant les patrons, Bruno Retailleau a estimé que la réforme de l'Etat faisait partie "des grandes réformes à faire".

"L'État est en train chaque jour qui passe de donner des normes alors qu'il devrait chercher les conditions pour accompagner la création de richesse", a-t-il dit, ajoutant "qu'on peut baisser le nombre d'agents publics pour les revaloriser".

Bruno Le Maire veut "aller très loin" sur la simplification

"Sur la simplification, il faut aller très loin", a assuré Bruno Le Maire, évoquant la suppression des formulaires Cerfa, la réduction des délais d'instruction des dossiers pour la construction des logements et des usines ou encore une simplification des procédures Urssaf.

"Tout ça, c'est dans le texte de loi" déjà mis sur la table par le gouvernement, a-t-il avancé.

"À vous de savoir si vous voulez refaire une année de consultation […] ou si vous voulez voter le texte de loi" proposé par le gouvernement, répondant à la promesse de Jordan Bardella d'organiser des "États généraux de la simplification" pour les entreprises.

Bruno Le Maire promet de rouvrir les négociations avec EDF sur les contrats d'électricité de long terme

Bruno Le Maire a promis de rouvrir les négociations avec EDF sur les contrats d'électricité à long terme: "Nous avons aujourd'hui proposé des contrats à long terme. Est-ce que le prix est satisfaisant? Non. Est-ce qu'il faudra par conséquent rouvrir les négociations avec EDF? Ma réponse est oui", a assuré le ministre de l'Economie.

Et de marteler: "Nous voulons plus de réacteurs, plus de renouvelables et nous rouvrirons la négociation des contrats avec EDF parce que le prix de sortie n'est pas suffisamment compétitif pour l'industrie française".

Plus d'informations ici.

Bruno Le Maire suggère de supprimer les aides à l'apprentissage pour les plus qualifiés

Devant les patrons, Bruno Le Maire a qualifié de "succès collectif" de développement de l'apprentissage ces dernières années, en grande partie grâce aux aides massives de l'Etat.

Mais "la question qu'il faut qu'on se pose, c'est jusqu'à quel niveau de formation est-ce qu'il faut que le contribuable aide les apprentis et les entreprises qui embauchent des apprentis?", a demandé le ministre de l'Économie.

"Je pense qu'à partir d'un niveau Bac+5, Bac+6, on peut légitimement se poser la question: est-ce que ces étudiants n’auraient pas de toute façon trouvé une place d’apprentissage et dans la société sans difficulté?", a-t-il poursuivi. Et d'appeler à ouvrir ce débat "tout en continuant à soutenir massivement les CFA, les apprentis, les formations qui vont avec parce qu’on a réussi à faire de l’apprentissage une voie d’exellence".

Bruno Le Maire assure vouloir "continuer à indexer les retraites sur l'inflation"

"On continuera à indexer les retraites sur l'inflation", a promis Bruno Le Maire devant les patrons.

Il a toutefois reconnu que "le vrai sujet qui se pose c'est comment est-ce qu'on finance un modèle social qui a été créé en 1945 et qui reposait sur des équilibres qui n'existent plus: peu de prestations, beaucoup de cotisants".

Bruno Le Maire assure que le gouvernement est "peut-être moins glamour" mais "plus efficace" que le RN

Si le RN remporte les élections législatives, "sept années de travail peuvent être foutues en l'air par sept jours de décisions", a affirmé Bruno Le Maire. "Imaginez le RN au pouvoir demain: baisse de la TVA sur l'électricité, baisse de la TVA sur l'énergie, nationalisation des autoroutes, retour à la retraite à 62 ans", a-t-il énuméré

"Si quelqu'un a compris ce que le couple improbable [Jordan Bardella et Éric Ciotti] expliquait sur les retraites, je veux bien que vous me l'expliquez, parce que moi je n'ai rien compris", a-t-il poursuivi. "Ne cédez pas aux sirènes du Rassemblement national, on est peut-être moins glamour, mais plus efficace" a assuré Bruno Le Maire.

Le Maire estime que les "projets de l’extrême droite et de l’extrême gauche sont à contretemps"

"Les projets de l'extrême droite et de l'extrême gauche sont à contretemps", a dénoncé Bruno Le Maire devant les patrons, estimant que "nous sommes à un moment où il faut rétablir les comptes publics". "La marge de manoeuvre budgétaire de la France, elle est nulle", a-t-il ajouté.

Répondant aux critiques sur la situation des finances publiques, le ministre de l'Economie a rappelé qu'il a "rétabli les comptes publics en 2018 en sortant la France de la procédure pour déficit excessif dans laquelle elle était depuis neuf ans".

Puis sont arrivées les crises sanitaire et inflationniste: "Nous avons répondu présent et nous avons évité un drame économique et social", a assuré Bruno Le Maire, se disant stupéfait de voir que ceux "qui n'ont cessé pendant la crise du Covid de demander de dépenser plus" lui reproche aujourd'hui d'avoir trop dépensé.

Jordan Bardella promet de ne pas "décaler l'âge de départ à la retraite"

"Je ne décalerai pas l'âge de départ à la retraite", a promis Jordan Bardella, lequel souhaite fixer un objectif d'âge légal à 62 ans, même s'il a sous-entendu que cela dépendra des conclusions de l'audit des finances qu'il lancera dès son arrivée à Matignon en cas de victoire aux élections législatives.

Le président du Rassemblement national souhaite surtout que "ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans puissent partir à 60 ans avec 40 annuités". "J'ai un impératif de justice sociale qui est celui des carrières longues. Il y a des millions de Français qui ont des métiers très difficiles et qui aimeraient pouvoir profiter de la retraite sans avoir le dos cassé et en bonne santé", a-t-il dit.

Éric Ciotti affirme que l'immigration est une "fausse solution" aux pénuries de main d'oeuvre

L'immigration est une "fausse solution" et une "mauvaise réponse" aux pénuries de main d'œuvre dans certains secteurs en tension, a affirmé Éric Ciotti.

"Il y a aujourd'hui des secteurs qui n'arrivent pas à recruter et "on a un coût de la formation professionnelle qui est gigantesque", alors que le taux de chômage français est "beaucoup plus élevé" que "la moyenne européenne", a assuré Éric Ciotti. "C'est là où il faut trouver des réponses".

"Sur l'immigration, il peut y avoir des points qualitatifs", notamment pour "les médecins", mais il faut des "solutions nationales" au "niveau quantitatif" comme "une meilleure formation" ou "une meilleure rémunération", a-t-il affirmé, citant la restauration et le BTP.

Pour Jordan Bardella, "le prochain gouvernement sera appelé à un principe de réalité" à cause de la situation des finances publiques

"On affrontera le mur de la dette en luttant contre le gaspillage et en créant les conditions de la croissance", a déclaré Jordan Bardella devant les patrons.

Le président du Rassemblement national a également indiqué que "la situation des finances publiques est telle que le prochain gouvernement sera évidemment appelé à un principe de réalité et de responsabilité".

Jordan Bardella veut faire "de la baisse des factures d'électricité (sa) priorité"

Sur la question du pouvoir d'achat, Jordan Bardella a assuré vouloir faire "de la baisse des factures d'électricité (sa) priorité", et plus largement des factures d'énergie en baissant "la TVA sur l’électricité, le gaz le fioul et le carburant, ça coute 12 milliards. C’est une priorité budgétaire que nous assumons".

"Deuxièmement, j'engagerai avec la Commission européenne une négociation pour permettre à la France de trouver un prix français de l'électricité", a ajouté le président du Rassemblement national.

Jordan Bardella promet "jusqu'à 10% de hausse de salaire exonérées de cotisations patronales"

Afin de "récompenser les salariés" et "le travail", le Rassemblement national veut "donner la liberté [aux entreprises] d'augmenter les salaires sans que ça pèse sur [leur] activité", en permettant "jusqu'à 10% de hausse de salaire exonérées de cotisations patronales", a déclaré Jordan Bardella.

"Cette mesure doit permettre, en partie, de répondre à l'impératif des salaires trop bas en France sans pénaliser la prospérité des entreprises", a-t-il assuré.

Jordan Bardella promet des "États généraux de la simplification" pour les entreprises

"Nous entendons engager, dès l'automne, des États généraux de la simplification" pour les entreprises françaises, a assuré Jordan Bardella. "Je laisserai douze mois [aux entreprises], secteur par secteur, filière par filière, pour dresser un état des lieux des contraintes qui pèsent sur la croissance", a-t-il expliqué.

Les normes devront être classées à partir d'une "stratégie tricolore", a précisé Jordan Bardella. Avec un dossier vert pour les "normes vertueuses et protectrices", orange "celles qui vont dans le bon sens" mais qu'il faut "réécrire" et enfin rouge pour "celles qui entravent" l'activité des entreprises.

Jordan Bardella veut "remettre de l'ordre dans les comptes publics"

"La France est à la croisée des chemins". Devant les patrons, Jordan Bardella a déploré "la déraison budgétaire dans laquelle nous sommes plongés depuis 2017" et qui "fait peser un risque de décrochage économique".

"Mes ambitions sont très simples: remettre de l'ordre dans le pays, dans la rue et dans les comptes publics", a-t-il ajouté.

Jordan Bardella poursuit en expliquant "qu'il y a beaucoup de pistes d’économies à faire dans la dépense publique", notamment en luttant contre la fraude et "l'immigration qui est un coût considérable pour les finances de l'Etat".

"Levez la main les milliardaires": Boris Vallaud demande "un effort de patriotisme économique" aux plus riches

Le Nouveau Front populaire demande "un effort de patriotisme économique" aux milliardaires, a affirmé jeudi le socialiste Boris Vallaud, membre du Nouveau Front populaire, au cours d'une audition devant des organisations patronales, évoquant "un moment de redressement national".

"Vous pouvez lever la main les milliardaires et je m'excuserai auprès de vous de l'effort que je vous demande de solidarité et de patriotisme économique", a lancé le chef de file des députés socialistes, invité salle Gaveau à Paris par des organisations patronales avec Eric Coquerel (LFI) pour représenter la coalition de gauche lors d'auditions des principaux partis candidats aux élections législatives.

Boris Vallaud assure que "rien ne va changer" pour "92% des entreprises" si le Nouveau Front populaire accède au pouvoir

"La crainte qui est la vôtre [dans les organisations patronales] c'est que, au fond, il y ait de la justice fiscale et sociale" dans les mesures prônées par le Nouveau Front populaire, mais "sur le cadre juridique et fiscale des PME, qui sont 92% de nos entreprises, rien ne va changer", a affirmé Boris Vallaud.

"Nous serons d'ailleurs à vos côtés pour que la représentation des petites entreprises […] soit mieux prise en compte", a-t-il ajouté.

Le Nouveau Front populaire ne "touchera pas au parc nucléaire" actuel en cas de victoire aux législatives

"On ne touche pas au programme actuel". Devant les patrons, Eric Coquerel a affirmé que le Nouveau Front populaire ne remettra pas en cause la politique nucléaire française en cas de victoire aux législatives, et ce au moins jusqu'à 2027.

La France insoumise "est pour la sortie du nucléaire mais le Nouveau Front populaire ne compte "pas toucher au parc actuel du nucléaire", a-t-il dit. Les décisions sur ce sujet sont ainsi reportées "pour la suite, notamment aux élections présidentielles".

Plus d'informations ici.

Boris Vallaud assure que "les PME payent les impôts des multinationales qui ne les payent pas"

"Les classes moyennes payent les impôts des milliardaires qui ne les payent pas", de même que "les PME payent les impôts des multinationales qui ne les payent pas", a assuré Boris Vallaud, affirmant que "40% des résultats des multinationales sont consolidés dans des paradis fiscaux".

"Avec de la justice fiscale, on peut baisser les impôts des PME", a avancé Boris Vallaud. "On peut les protéger" et "leur réserver un certain nombre de marchés", a-t-il poursuivi.

Aides d'État: le Nouveau Front populaire veut prioriser les entreprises "qui créent de l'emploi" et "qui payent bien"

Les aides ou les exonérations accordées par l'État aux entreprises sont "quasiment sans conditions aujourd'hui", a affirmé Éric Coquerel, et "il faut les réorienter différemment".

"Une entreprise qui va réorienter une part de ses profits davantage dans les dividendes que dans les investissements de l'emploi recevra ses aides comme une autre", a-t-il regretté.

"Nous prioriserons, dans les aides de l'État, les entreprises qui créent de l'emploi, les entreprises qui payent bien leurs salariés", a affirmé Éric Coquerel.

Boris Vallaud et Eric Coquerel du Nouvea Front populaire devant les patrons le 20 juin 2024
Boris Vallaud et Eric Coquerel du Nouvea Front populaire devant les patrons le 20 juin 2024 © Medef

Eric Coquerel affirme que "les chefs d'entreprise ont tout intérêt à voir les salaires augmenter"

Les chefs d'entreprise "ont tout intérêt à ce que les salaires augmentent", a affirmé Eric Coquerel devant les patrons

"Ils ont tout intérêt à ce que les salariés soient des consommateurs qui achètent leurs produits. Il faut migrer une partie de ces revenus qui sont venus nourrir les rentes actionariales vers les revenus du travail".

Cela permettra selon lui de "rentrer dans un cercle vertueux qui permet d'avoir une politique qui dope la demande, qui fait que le chef d'entreprise, le commerçant, la petite boite vont se retrouver avec davantage de commandes". "Une relance keynésienne" soutenue par Boris Vallaud.

Le Nouveau Front populaire réunira "sans délai" les partenaires sociaux s'il accède au pouvoir

Le Nouveau Front populaire, s'il accède au pouvoir, "remettra en place" le dialogue social, a assuré Boris Vallaud, évoquant le "respect des partenaires sociaux" et "des corps intermédiaires.

"Nous ne voulons ni de la caporalisation, ni de l'infantilisation des partenaires sociaux et notre premier acte sera, sans délai, de vous réunir", a affirmé Boris Vallaud.

"Inefficacité", "impasse": Boris Vallaud étrille la politique économique d'Emmanuel Macron

Après Edouard Philippe, au tour de Boris Vallaud de se présenter devant les patrons. En guise d'introduction, le député socialiste sortant a dénoncé la politique économique d'Emmanuel Macron caractérisée selon lui par "la dégradation des finances publiques et le désarmement fiscal" avec "50 milliards d'euros de recettes fiscales en moins, rendues chaque année aux plus riches".

"La politique d'Emmanuel Macron, c'est l'inefficacité de la politique de l'offre et l'impasse éconnomique", a-t-il ajouté, pointant également "le décrochage technologique" et le "décrochage industriel".

"Enfin, c'est l'afaiblissement de notre modèle social (...) et l'explosion de la pauvreté. Nous voulons avec le Nouveau Front populaire inverser la logique des choses".

Edouard Philippe estime que baisser l'âge de la retraite n'est ni "possible" ni "crédible"

S'exprimant sur l'augmentation de la dépense sociale, Edouard Philippe a estimé qu'il allait "falloir changer de système" de retraite pour en assurer le financement compte tenu de l'évolution démographique, tout "en conservant une base de réparition et de solidarité".

Mais "les gens qui viennent vous voir et vous disent qu'il faut baisser l'âge de la retraite disent des choses que les Français ont envie d'entendre mais ils ne vous disent rien qui soit possible, rien qui soit crédible", a poursuivi l'ancien Premier ministre.

Et d'ajouter: "Disons les choses clairement: tous les pays d'Europe ont choisi pour équilibrer leur système de retraite d'augmenter la durée de travail, et notamment l'âge pour acquérir ses droits à la retraite".

Édouard Philippe assure qu'il y a un moment où le niveau de la dette devient "dangereux"

"La dernière fois qu'on a voté un budget en équilibre [en France], c'était en 1974" et depuis "tous les budgets ont été en déséquilibre et la dette a beaucoup augmenté", a avancé Édouard Philippe. Mais "est-ce qu'il y a un moment où la dette publique à un niveau important, c'est dangereux? La réponse est oui. Quand est-ce qu'on sait que c'est dangereux? La réponse est qu'on ne sait pas", a-t-il assuré.

Notre article à lire ici

Edouard Philippe le 20 juin 2024 lors de l'audition des représentants politiques devant les patrons lors de la campagne des législatives
Edouard Philippe le 20 juin 2024 lors de l'audition des représentants politiques devant les patrons lors de la campagne des législatives © Medef

"Il y a une épidémie": Edouard Philippe moque ceux qui expliquent que "c'est possible de raser gratis"

Interrogé sur la politique fiscale, Edouard Philippe a dénoncé "les gens qui expliquent que c'est possible de raser gratis".

"Et comme en ce moment il semble qu'il y ait une épidémie, ça m'inquiète beaucoup. Raser gratis, ça n'existe pas", a-t-il assuré, se disant favorable aux baisses d'impôts à condition qu'il y ait en face "une baisse réelle des dépenses publiques".

Edouard Philippe estime que l'enrichissement des classes moyennes populaires "ne passera pas par la mesure magique du Smic à 1.600 euros net"

Face à "l'appauvrissement des classes moyennes populaires", Edouard Philippe a défendu une meilleure association des salariés au capital de l'entreprise.

"Si on veut faire en sorte que les classes moyennes s'enrichissent, ça doit passer par plusieurs facteurs. Le premier c'est de façon plus systématique et incitative, l'association des salariés à la valeur du capital créée dans l'entreprise. Il y a beaucoup d'instruments qui existent", a déclaré l'ancien Premier ministre.

En revanche, "la solution de l'enrichissement nécessaire des classes moyennes populaires ne passera pas la mesure magique de l'augmentation du Smic à 1.600 euros net" défendue par le Nouveau Front populaire.

Édouard Philippe appelle à rester "constant et cohérent" sur la politique économique

"Il ne faut absolument pas changer la logique" mise en œuvre par le gouvernement depuis plusieurs années, a assuré Édouard Philippe. Pour que les réformes produisent des effets, "il faut être constant et cohérent", a-t-il affirmé, appelant à tenir la ligne consistant à "ne pas pressurer d'impôts les entreprises" et leur "garantir un environnement le plus stable possible".

"On peut même aller plus loin que ce qui est fait aujourd'hui", a poursuivi Édouard Philippe, se déclarant favorable à une "règle d'or" empêchant "d'augmenter la pression fiscale au-delà d'un certain taux" et "peut-être aussi de créer une règle juridique qui contraint l'État […] à ne pas laisser dériver la dépense publique".

Emploi, investissements... Edouard Philippe vante le bilan de la poltique économique menée depuis 2017

Première personnalité à passer le grand oral, Edouard Philippe a défendu le bilan d'Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir: "Depuis 2017, la politique qui a été mise en oeuvre est probablement la plus pro-business qu'on a vue depuis longtemps", a-t-il dit, reconnaissant même que cela a commencé "un tout petit peu avant, avec François Hollande".

Evoquant les réformes du marché du travail, de l'apprentissage, de la fiscalité, l'ancien Premier ministre a indiqué que "depuis 2017 le taux de chômage a considérablement diminué, la capacité à attirer des investissements, y compris étrangers a considérablement augmenté et nous nous sommes placés dans une situation où la création de richesse est assumée".

"Nous ne devons pas perdre cela. L'enjeu du 30 juin et du 7 juillet, c'est d'abord celui-là", a-t-il conclu.

Michel Picon (U2P) estime qu'une forte hausse du Smic "aura des conséquences économiques pour les petites entreprises"

Le président de l'U2P Michel Picon qui représente les petites entreprises s'est inquiété de la hausse du Smic promise par le Nouveau Front populaire en cas de victoire aux législatives. Pour lui, "l'augmentation du Smic à 1.600 euros net" prévu par le Nouveau Front populaire, "avec peut-être une réduction du temps de travail, aura des conséquences économiques pour les petites entreprises".

Les organisations patronales ne vont pas "distribuer des bons ou des mauvais points"

"Nous ne sommes pas là pour distribuer des bons ou des mauvais points" aux candidats aux élections législatives, a assuré Patrick Martin. "On nous presse de dire à qui va [notre] préférence", mais "n'inversons pas les rôles" car "c'est aux politiques d'emporter notre confiance", a-t-il poursuivi.

Les organisations patronales pourront "apprécier la solidité, la transparence et la cohérence de leurs programmes, au regard de [leurs] propres grilles d'analyse" et "confronter [les] programmes à [leurs] priorités", a affirmé Patrick Martin. "Nous sommes les mieux à même de le faire", a-t-il avancé.

Patrick Martin appelle à "réintroduire de la rationalité" dans le débat

Dans son propos liminaire avant l'audition des représentants des partis, Patrick Martin a rappelé la "volonté commune" des organisations patronales de faire entendre "la voie des entreprises".

"J'ai tenu à nous réunir car il est impératif de réintroduire (...) de la rationalité, de remettre au coeur de ce débat une dimension qui est dangereusement absente: l'économie", a assuré le président du Medef, jugeant qu'"il ne peut y avoir de France prospère" sans réussite des entreprises françaises.

Michel Picon (U2P), Patrick Martin (Medef) et François Asselin (CPME) en introduction du grand oral des représentants des partis devant les patrons, dans le cadre de la campagne des législatives le 20 juin 2024 à Paris.
Michel Picon (U2P), Patrick Martin (Medef) et François Asselin (CPME) en introduction du grand oral des représentants des partis devant les patrons, dans le cadre de la campagne des législatives le 20 juin 2024 à Paris. © MEDEF

Les représentants des partis devant des patrons inquiets

Courtiser et rassurer. Tel sera sans doute l'objectif des représentants des principaux partis qui présenteront leur programme devant les organisations patronales ce jeudi à l'heure où la gauche et l'extrême droite sont accusées de faire des promesses trop dispendieuses.

Avant même cet oral, le patron du Medef a qualifié mercredi de "dangereuses" pour l'économie française des mesures proposées par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire en vue des législatives des 30 juin et 7 juillet. "Si ces programmes se concrétisaient en 2024 ou après", ils provoqueraient "des hausses d'impôts, (...) le départ des investisseurs étrangers et des faillites massives d'entreprises, donc des destructions d'emplois", avait-il déclaré.

Jordan Bardella, Eric Coquerel, Bruno Le Maire

Six représentants des partis répondront aux questions d’Hedwige Chevrillon puis des patrons présents dans la salle.

Voici le programme de cette matinée :

  • 8h45 - 9h30 Audition d’Edouard Philippe (Horizons)
  • 9h30 - 10h15 Audition d’Eric Coquerel et Boris Vallaud (Nouveau Front populaire)
  • 10h30 - 11h15 Audition de Jordan Bardella (Rassemblement national) et Éric Ciotti (LR-RN)
  • 11h15 - 12h00 Audition de Bruno Le Maire (Ensemble pour la République)
  • 12h00 - 12h45 Audition de Bruno Retailleau (Les Républicains)

Législatives: les représentants des partis devant le patronat

Bienvenue dans ce live consacré à l’audition des représentants des grands partis devant le patronat, un évènement à suivre en direct à partir de 8h30 sur notre site et sur l’application BFM Business.

Organisée à Paris, autour des présidents du MEDEF Patrick Martin, de la CPME François Asselin et de l’U2P Michel Picon, devant de nom, ces auditions seront animées par Hedwige Chevrillon.

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web