Pire année depuis 2008, décennie la plus mauvaise depuis les années 60... La croissance mondiale ébranlée par les droits de douane de Trump

L'augmentation des droits de douanes freinera la croissance mondiale (photo d'illustration). - Daniel Hayduk / AFP
La Banque mondiale (BM) est pessimiste. L'institution a revu ses prévisions de croissance pour 2025 à la baisse, en raison de la hausse des tarifs douaniers et de l'incertitude accrue. Selon ses calculs, la croissance mondiale devrait s'élever à 2,3% cette année (contre 2,7% initialement).
Si elle ne prévoit pas de récession globale, et juge le risque faible, l'institution juge que la croissance économique mondiale cette année serait la plus molle depuis 2008, en exceptant les années de récession comme 2009 et 2020.
"Il y a tout juste six mois, un atterrissage en douceur paraissait en vue (...). Désormais, il semble que nous courons vers de nouvelles turbulences. Sans correction de la trajectoire, les conséquences sur les conditions de vie pourraient être profondes", a alerté le chef économiste de la BM, Indermit Gill, lors d'une conférence de presse en ligne.
La Chine épargnée
Elle devrait être particulièrement faible dans la zone euro (+0,7%). La croissance américaine est attendue autour de 1,4%. De leur côté, les marchés émergents et les économies en développement devraient connaître une croissance de 3,8 % en 2025, contre 4,1 % dans les prévisions de janvier.
En cause, les effets de la hausse des droits de douane aux Etats-Unis voulus par Donald Trump et la guerre commerciale qu'elle a entraînée entre Washington et Pékin, avec à la clé un ralentissement du commerce mondial.
Et ces effets pourraient être encore pire: si les surtaxes américaines devaient augmenter de 10%, avec par exemple le retour des droits de douane dits "réciproques", l'économie mondiale ralentirait à 1,8% de croissance cette année et 2% en 2026.
Au contraire, la Banque mondiale a laissé ses prévisions pour la Chine inchangées à 4,5% par rapport à janvier, affirmant que Pékin disposait encore d'une marge de manœuvre monétaire et budgétaire pour soutenir son économie et stimuler la croissance.
Les pays pauvres sont les grands perdants
D'ici 2027, la croissance du produit intérieur brut mondial devrait être en moyenne de seulement 2,5 %, soit le rythme le plus lent depuis les années 1960 selon les données de la Banque mondiale.
"En dehors de l’Asie, le monde en développement entre de plus en plus dans une ère de stagnation. Cette menace plane depuis plus d’une décennie maintenant" alerte Indermit Gill, économiste en chef et premier vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l’Économie du développement.
Les pays pauvres seraient toutefois les plus touchés selon le rapport. D'ici 2027, le PIB par habitant des économies en développement serait inférieur de 6 % à son niveau d'avant la pandémie, et il pourrait falloir à ces pays – Chine exclue – deux décennies pour récupérer les pertes économiques des années 2020.