Séoul fournit des puces pour l'IA, 1,4 million de voitures, de l'acier, des bateaux... Trump s'est-il tiré une balle dans le pied en s'attaquant aux Sud-coréens?

La Corée du Sud est un investisseur de poids aux Etats-Unis, avec qui la quatrième économie d'Asie entretient des relations commerciales étroites, des automobiles aux semi-conducteurs.
Mais l'arrestation le 4 septembre de centaines de travailleurs sud-coréens en Géorgie sur le site d'une usine de batteries pourrait y décourager les investissements, a mis en garde le président Lee Jae Myung jeudi.
Voici ce que l'on sait des échanges entre Séoul et Washington:
Automobile, tech et acier
Les automobiles dominent les exportations sud-coréennes aux Etats-Unis. En 2024, plus de la moitié des 2,8 millions de véhicules sud-coréens envoyés hors du pays l'étaient vers la première économie mondiale - pour quelque 34,7 milliards de dollars.
Autre atout sud-coréen: les puces avancées comme la mémoire vive dynamique (DRAM), dont les commandes ont bondi avec la hausse des investissements dans l'intelligence artificielle (IA) aux Etats-Unis.
La Corée du Sud est aussi son quatrième fournisseur d'acier, selon les chiffres de 2024.
Droits de douane
Dans le cadre de son offensive commerciale tous azimuts, le gouvernement de Donald Trump a décidé d'instaurer des droits de douane de 15% à l'encontre des marchandises sud-coréennes. Une taxe de 50% s'applique toutefois sur l'acier ou encore l'aluminium.
Un accord a été trouvé pour réduire une mesure douanière sur les automobiles de 25 à 15% mais cet abaissement n'est pas encore entré en vigueur.
Au moment de l'annonce de l'accord en juillet, Donald Trump avait indiqué que Séoul s'était engagé à investir 350 milliards de dollars aux Etats-Unis et acheter 100 milliards de gaz naturel liquéfié (GNL) américain et autres sources d'énergie.
Les détails de l'accord commercial américano-sud-coréen n'ont toutefois pas encore été communiqués. Un responsable de la diplomatie sud-coréenne a indiqué jeudi à l'AFP que les négociations commerciales bilatérales se poursuivaient.
D'après le ministère du Commerce sud-coréen, Séoul a notamment proposé 150 milliards de dollars d'investissements dans la construction navale.
De manière séparée, des entreprises sud-coréennes ont promis des investissements directs de 150 milliards de dollars, aussi bien dans l'IA que les produits pharmaceutiques.
Construction navale
Séoul s'est aussi engagé à relancer l'industrie navale américaine dans le cadre du programme MASGA ("Make American Shipbuilding Great Again"), un écho au slogan de campagne du président Trump.
Les chantiers navals américains, comme européens, sont à la traîne par rapport à la Chine et à la Corée du Sud, selon des experts, alors que Washington cherche à assurer sa présence en Asie-Pacifique face à la croissance de la marine chinoise et aux tensions concernant Taïwan.
Au total, quelque 120.000 Sud-Coréens travaillent dans la construction navale - environ 1% de la main-d'oeuvre du pays -,sans compter les emplois indirects liés au secteur.
Conséquences du raid
Le président Lee a prévenu que l'arrestation de centaines de ses compatriotes aux Etats-Unis pourrait avoir un "impact significatif sur les décisions d'investissement futures, en particulier lors de l'évaluation de la faisabilité d'opérations directes aux Etats-Unis".
Les experts s'accordent à encourager les entreprises sud-coréennes à la prudence dans un premier temps. Mais celles-ci "doivent continuer d'investir aux Etats-Unis", "le plus important marché du monde", assure à l'AFP Kim Dae-jong, de l'Université Sejong de Séoul.
Kim Dae-jong appelle son gouvernement "à dialoguer activement avec Washington pour (...) résoudre la question diplomatiquement sensible des visas". Les salariés arrêtés travaillaient probablement sans le visa pourtant requis, selon des experts interrogés par l'AFP, qui décrivent une pratique courante chez les entreprises sud-coréennes.
Le partenariat commercial avec Séoul est également essentiel pour la sécurité économique de Washington, "grâce à (la) large base industrielle (sud-coréenne) qui touche à l'énergie nucléaire, à la construction navale et aux semi-conducteurs", note pour l'AFP Kim Yang-hee, professeure d'économie à l'Université de Daegu.