"La réaction des entreprises va être violente": le chef d'entreprise Pascal Cagni tire la sonnette d'alarme

Pascal Cagni, ancien patron de Business France, le 18 juin 2024 sur BFM Business. - BFM Business
Un coup d'arrêt aux investissements en France ? Alors que le pays est le plus attractif d'Europe depuis cinq ans et que le nombre d'usines qui ouvrent dépasse désormais celui des fermetures, les résultats des élections législatives pourrait casser cette dynamique.
C'est ce qu'appréhende Pascal Cagni, le président du Conseil d’administration de Business France en charge de l'attractivité de la France. Sur BFM Business, l'ancien dirigeant d'Apple Europe estime que les patrons d'entreprises devraient prendre la parole.
"Je suis effaré par le silence de tous ces patrons de groupes étrangers et de PME qui ont bénéficié de 10 années exceptionnelles, non pas qu'ils ont multiplié les profits mais après deux ou trois décennies où le pays qui n'était pas attractif est devenu le plus attractif, s'émeut Pascal Cagni. Il est important que ces gens qui ont participé à la création de 2 millions d'emplois et qui représentent 2,2 millions d'emplois (ce sont ces 17.000 entreprises étrangères) s'expriment un peu mieux."
"Moins d'investissements, c'est écrit"
Alors que le Nouveau Front Populaire assure qu'il augmentera les impôts en cas de victoire et que le Rassemblement National prône une préférence nationale et une augmentation des dépenses publiques non financées, l'homme d'affaires estime que les investisseurs étrangers se détourneront de la France.
"Ces patrons d'entreprises sont préoccupés, ils ont le choix d'aller en Allemagne, en Italie, en Espagne, ils nous l'ont montré pendant trois décennies, il est important d'en discuter avec nos salariés", estime-t-il. [...] "Pensez-vous que se refermer sur soi, qu'augmenter les impôts et avoir une préférence nationale fait que nos entreprises qui exportent ne seront pas elles-mêmes confrontées au repli ?"
Ces dernières années, de nombreuses grandes entreprises internationales ont annoncé et lancé des projets d'envergure comme Microsoft ou Amazon cette année. La construction de la gigafactory du taïwanais ProLogium dans le Nord doit par exemple créer un appel d'air pour la création de 20.000 emplois. On peut citer aussi l'exemple de Novo Nordisk, le géant danois des laboratoires pharmaceutiques, qui va investir plus de 2 milliards d'euros en France, seul pays dans lequel il investit en dehors de son pays d'origine.
"Pensez-vous que Novo Nordisk continuera à investir les 2,2 milliards qu'ils on fait et qui leur permet de payer des salaires de 10% à 15% supérieurs au reste du pays ?, interroge-t-il. [...] La réaction du privé va être sans doute très violente et ça se traduira en baisse d'investissement, refocalisation des ressources, moins de centres de recherche et de développement, c'est écrit dans les tables de la loi."
