Un carnet de notes hostiles au secteur de l'assurance: la préméditation de Luigi Mangione se confirme

La machine judiciaire s'est mise en route dans l'affaire du meurtre de Brian Thompson, le PDG d’UnitedHealthcare, tué en plein Manhattan il y a maintenant quinze jours.
Le suspect, Luigi Mangione, 26 ans, a été convoqué par deux juridictions différentes afin d'être inculpé. D'abord en Pennsylvanie (où il a été arrêté) puis à été extradé à New York, ce qui a donné lieu à un transfert mouvementé en avion et en hélicoptère, suivi par de nombreuses caméras de télévision.
CNN relate ainsi ce périple: "l’arrivée de l’hélicoptère à l’héliport de Wall Street a donné lieu à une scène extraordinaire: Mangione, entouré d’une nuée d’agents de police, armés, a entrepris une lente et longue 'marche du suspect' (perp walk) depuis l’hélicoptère jusqu’à une camionnette noire, avec des caméras surveillant chacun de ses pas. 'C’était presque à la Hannibal Lecter'", a déclaré l’avocat de la défense Jeremy Saland.
"Je n’ai jamais rien vu de tel", a déclaré la correspondante de CNN, soulignant l’ampleur de la présence des forces de l’ordre. "Ils veulent clairement avoir l’occasion de prendre des photos pour montrer qu'ils ont eu leur gars".
Transfert sous l'œil des caméras
Ce déploiement de force s'explique notamment par la popularité grandissante du suspect qui s'inscrit dans une défiance généralisée des Américains envers les géants de l'assurance santé.
"La sécurité autour de Mangione découle des inquiétudes en matière de sécurité et au risque que quelqu’un ne tente de le libérer des forces de l’ordre", a déclaré John Miller, expert de la police et du renseignement auprès de CNN.
Il a alors été inculpé de onze chefs d’accusation à New York, dont "meurtre au premier degré en tant qu’acte de terrorisme". Il n'a pas encore plaidé coupable ou non coupable comme le veut la procédure. Il a ensuite été placé en détention fédérale dans une prison de Brooklyn, son avocate renonçant à une demande de libération sous caution.
"Nous sommes maintenant prêts à défendre, à aller de l'avant et à commencer à défendre ces accusations à New York et en Pennsylvanie", a réagi son avocate.
Par ailleurs, une plainte fédérale contre lui a été rendue publique, ajoutant quatre nouvelles accusations (dont celle de meurtre avec utilisation d’une arme à feu et de délit d’armes à feu), et fournissant de nouveaux détails sur le mobile et la préméditation de ce crime.
Les enquêteurs auraient en effet entre leurs mains un carnet de notes de Luigi Mangione qui "contenait plusieurs pages manuscrites exprimant une hostilité envers le secteur de l’assurance maladie et les cadres fortunés en particulier".
Hostilité envers le secteur de l’assurance maladie
Dans une note datée du 15 août, l’auteur semble détailler les préparatifs de son acte : "les détails se rassemblent enfin", "je suis content d’une certaine manière d’avoir tergiversé" car cela m’a donné le temps "d’en savoir plus" sur UnitedHealthcare, peut-on lire dans la plainte fédérale.
Dans une autre note datée d'octobre, l’auteur qualifie une conférence d’investisseurs à venir de "véritable aubaine" et décrit l’intention de "frapper" le PDG d’une compagnie d’assurances lors de la conférence. C'est exactement ce qu'il fera: Brian Thompson était en effet attendu à une conférence d'investisseurs le jour du crime.
Après l’audience, Edward Kim, procureur général par intérim du district sud de New York, a déclaré dans un communiqué que Mangione avait tiré sur Thompson "dans une tentative grossièrement malavisée de diffuser les opinions de Mangione à travers le pays. Mais ce n’était pas un débat, c’était un meurtre".