"Taxe Piketty" au Royaume-Uni, référendum sur un impôt à 50% sur les gros héritages en Suisse... Comme la France, toute l'Europe semble soudain vouloir "taxer les riches"

Outre la France et la querelle sur la "taxe Zucman", plusieurs pays européens ont débattu cet été de la taxation des plus hauts patrimoines, qu'il s'agisse de l'imposer, la maintenir, la muscler ou l'abandonner, sur fond de finances publiques exsangues.
• Un sujet électoral en Norvège
Parmi les principaux thèmes de la campagne des élections législatives de septembre, des débats ont porté sur le maintien ou non de la taxation sur les plus fortunés appliquée dans le pays de tradition égalitaire. Les travaillistes, qui sont sortis vainqueurs, ont pour objectif de la garder.
La Norvège prélève aujourd'hui un impôt sur la fortune de 1% sur les individus dont les avoirs dépassent 1,7 million de couronnes norvégiennes (environ 150.000 euros), et 1,1% lorsque ceux-ci dépassent 20 millions de couronnes (environ 1,7 million d'euros), détaillait le groupe de réflexion Tax Foundation Europe dans un rapport publié en février dernier. Le risque de fuite des grandes fortunes à l'étranger a, comme en France, animé le débat.
• Un débat controversé au Royaume-Uni
Un débat s'est engagé au Royaume-Uni sur l'imposition d'une taxe qui viserait les grandes fortunes, notamment après le refus de l'exécutif britannique d'écarter l'hypothèse de mettre en place une imposition spécifique sur les super-riches. Selon certains de ses promoteurs – ONG, anciens cadres du parti travaillistes et économistes dont l'économiste français Thomas Piketty – cette taxe devrait porter sur les personnes détenant des actifs dépassant 10 millions de livres, à hauteur de 2%.
Une partie du débat s'est focalisé sur la question des Britanniques non-résidents permanents, les "non-dom", qui auraient massivement quitté le pays après la remise en cause d'un régime fiscal qui leur était auparavant favorable, selon des analyses qui ont fait l'objet ensuite de controverses sur leur exactitude.
• Un référendum sur l'héritage en Suisse
Jadis considérée comme un paradis fiscal, la Suisse doit se prononcer par référendum le 30 novembre pour décider ou non d'un impôt sur les successions fixé à 50% à partir de 50 millions de francs suisses afin de financer des mesures climatiques, une initiative des Jeunes socialistes. Le pays impose déjà une taxation sur la richesse à un échelon local qui couvre l'ensemble des actifs détenus dans le monde, à l'exception de l'immobilier.
Les taux d'imposition et les abattements varient considérablement d'un canton à l'autre, précise la Tax Foundation Europe, selon laquelle l'impôt sur la fortune en Suisse a été instauré en 1840.
• Quels pays taxent déjà les riches?
Outre la Suisse et la Norvège en Europe, l'Espagne applique depuis quelques années une taxe progressive de solidarité sur les grandes fortunes, de 1,7% à 3,5% pour les individus qui détiennent des actifs à partir de 3 millions d'euros. À l'échelon régional, l'Espagne impose aussi une taxation progressive qui démarre à des seuils très inférieurs, et qui varie fortement d'une région à l'autre.
À ces trois pays européens appliquant une taxation sur les plus hauts patrimoines s'ajoutent des pays qui les taxent uniquement sur certains actifs, à l'instar de la France avec sa fiscalité sur l'immobilier (impôt sur la fortune immobilière, qui a succédé à l'impôt de solidarité sur la fortune), de la Belgique, des Pays-Bas et de l'Italie, précise la Tax Foundation Europe.