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ÉDITO. Guerre commerciale: la France ne doit pas (trop) s'inquiéter

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Canadiens, Mexicains, Chinois et Européens sont sur le pied de guerre en attendant l'offenssive américaine sur les droits de douane. Pour les Français, la facture restera limitée.

Si l’on range les menaces qui pèsent sur notre économie tricolore par ordre de grandeur, la hausse des tarifs douaniers arrive très loin derrière le coût de l’énergie, la fiscalité ou l’effondrement de notre productivité.

De fait, le dernier épisode des tensions commerciales (2018-2020) avait finalement assez peu pesé sur la croissance française. De l'ordre du dixième de point de PIB, selon les estimations de l’Insee ou de la Banque de France.

Attention tout de même. Aucune économie ne sort indemne d’une escalade tarifaire. Le risque est évidemment d’entrer dans une surenchère pesant sur la croissance et qui attise les tensions entre les nations. Les mesures que s'apprête à annoncer Donald Trump seront par ailleurs beaucoup plus massives qu'il y a sept ans.

1,3% du PIB mondial

Mais l'université anglaise d’Aston vient de publier une étude intéressante sur l’impact théorique d’une hausse de 25% des droits sur l'ensemble des échanges commerciaux mondiaux (la Maison Blanche serait plutôt sur 10% à 20%).

Un scénario du pire, donc, qui coûterait 1.400 milliards de dollars au commerce mondial. Cela paraît beaucoup, mais c’est moins de 1,3% des 110.000 milliards de dollars du PIB mondial. Un choc important qui représente un peu plus du tiers de la croissance mondiale en 2025 (1,3% sur une prévision comprise entre 3% et 3,2%) mais surmontable.

Selon les projections de l'étude, les pays les plus secoués en termes d’import/export et de revenus seraient tous en Amérique du Nord: Etats-Unis, Canada et surtout Mexique.

L'Europe moins impactée que l'Amérique du Nord

L'Europe est beaucoup moins affectée, et au sein de l'Europe, la France ne l'est que très peu. L'Hexagone pourrait même bénéficier de ce que l’on appelle des "effets de détournement" du commerce.

Ne nous y trompons pas, la guerre commerciale qui s'ouvre s'annonce comme un véritable tremblement de terre pour le commerce international, avec des niveaux de droits de douane qui pourrait revenir à ceux d'après-guerre, voire du début du XIXe siècle. Ce n’est évidemment pas souhaitable.

Mais ce n’est pas la première menace pour nous, Français. Loin de là. C’est l’intérêt de ne peser plus grand-chose dans les échanges mondiaux. Ça protège des remous internationaux. Mais ça démontre aussi notre faiblesse. La France ne représente plus que 1,6% des importations américaines, 40% de moins que la moyenne des produits européens.

Et il ne faut pas oublier que quelques secteurs seront très exposés, notamment le luxe, la chimie, la pharmacie, les équipementiers automobiles et bien sûr, les vins et spiritueux.

Raphaël Legendre