Droits de douane: que pèse le marché américain dans les exportations de véhicules européens?

Un "jour de la libération" pour Donald Trump, un séisme pour l'industrie automobile. Ce mercredi entrent en vigueur les droits de douane supplémentaires de 25% annoncés par le président américain la semaine dernière pour toute voiture particulière importée aux États-Unis. Seuls les modèles comportant au moins 75% de pièces "made in USA" pourront être exemptés.
Cette décision est un coup dur pour les constructeurs européens alors que les véhicules exportés outre-Atlantique étaient jusqu'alors taxés à hauteur de 2,5% (ce sera désormais 27%). D'autant que les voitures à moteur font partie des trois catégories de biens les plus exportés par l'Union européenne vers les États-Unis, avec les médicaments et les produits médicaux et pharmaceutiques.
Premier marché à l'export en valeur
Les États-Unis sont aujourd'hui le deuxième marché des constructeurs européens à l'export en volume avec quelque 750.000 véhicules expédiés en 2024 (sur un total de 5,4 millions) et le premier en valeur (38,9 milliards d'euros), selon Eurostat. Le Royaume-Uni arrive non loin derrière (34,3 milliards). Viennent ensuite la Chine (14,5 milliards), la Turquie (12 milliards) et la Suisse (8,5 milliards).
L'Union européenne enregistre donc un important excédent commercial sur les véhicules à moteur sachant qu'elle n'a importé que pour 8,4 milliards d'euros de voitures américaines l'an passé. Il faut dire que les modèles "made in USA" sont souvent considérés comme peu adaptés aux routes et rues parfois étroites du Vieux continent.
Au final, les États-Unis ne sont "que" le cinquième fournisseur de véhicules de l'UE. Ils sont devancés par la Chine (12,7 milliards d'euros), le Japon (12,3 milliards), le Royaume-Uni (11 milliards) et la Turquie (9,1 milliards). Les Européens restent néanmoins exportateurs nets avec un excédent commercial global d'un peu plus de 89 milliards d'euros.
Quels sont les pays les plus touchés?
Tous les pays membres de l'UE ne seraient pas touchés de la même manière par les droits de douane de l'administration Trump. Les travaux du Centre d’études prospectives et d'informations internationales (CEPII), qui tiennent compte des localisations d'activité des constructeurs et de leur capacité à rediriger leur production vers une usine épargnée par les droits de douane, estiment que la Suède, avec Volvo notamment, et l'Italie seraient les plus affectés, avec des baisses de production estimées respectivement à 7 et 4% à terme, dans un scénario sans représailles.
La Slovaquie (-2,6%), qui compte d'importantes usines de production, ainsi que la Hongrie (-2%) et l'Allemagne (-1%) seraient aussi pénalisées. La France, qui exporte beaucoup moins de voitures aux États-Unis, serait en revanche moins vulnérable.
Côté constructeurs, ce sont Volkswagen, Stellantis, Mercedes et BMW qui seraient les plus exposés. Les deux premiers verraient notamment leurs ventes fondre respectivement de 150.000 et 90.000 véhicules aux États-Unis. Et pour cause, plus du tiers de leurs véhicules écoulés outre-Atlantique sont importés du Mexique ou du Canada.
Enfin, certaines marques seraient fortement pénalisés. Le CEPII cite notamment Chrysler (groupe Stellantis) qui pourrait subir une chute de ses ventes de 50% aux États-Unis alors que tous les véhicules qu'elle écoule sur le marché américain sont produits au Canada.
Le consommateur américain compterait aussi parmi les grands perdants, les analystes de Wedbush estimant que les droits de douane de Trump pourraient conduire à une "hausse du prix moyen des voitures de 5.000 à 10.000 dollars" aux États-Unis.
Pas de quoi émouvoir le locataire de la Maison Blanche qui dit s"'en ficher complètement". "J'espère que (les constructeurs) augmenteront leurs prix, car si c'est le cas, les gens achèteront des voitures fabriquées aux États-Unis. Nous en avons plein", a-t-il ajouté.