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Des pétroliers russes sillonnent les mers sans savoir où décharger leur marchandise

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Des dizaines de pétroliers russes sillonnent les mers, incertains de la destination de leurs précieuses cargaisons, selon le Financial Times.

Des bateaux chargés de pétrole et de gaz russe sillonnent les mers, sans savoir s'ils pourront livrer leur marchandise. Alors que la Russie continue de bombarder l'Ukraine, les Etats-Unis discutent avec l'Union européenne d'un embargo sur le pétrole russe. Une sanction économique qui pénaliserait lourdement la Russie, deuxième exportateur de pétrole brut au monde.

La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis y sont prêts, mais l'Allemagne se montre réticente, plus dépendante des énergies fossiles russes que ses partenaires.

Selon le Financial Times, des dizaines de pétroliers russes sont en mer, incertains de la destination de leurs précieuses cargaisons. La semaine dernière, 77 navires de Sovcomflot, la plus grande compagnie maritime de Russie qui compte 172 unités, étaient en mer, selon les données de Windward, une société de renseignement maritime.

Des pétroliers russes refoulés

L'un de ses navires, le NS Champion, devait accoster aux Orcades, en Écosse, mais il a été refoulé et vu pour la dernière fois se dirigeant vers le Danemark, rapporte le Financial Times. Les navires Sovcomflot, en provenance de ports de la mer Baltique et de la mer Noire, affrètent notamment les marchandises des entreprises russes Lukoil et Gazprom, ainsi que des négociants en matières premières Trafigura et Vitol.

Les tankers russes ne peuvent plus livrer le Royaume-Uni car les sanctions interdisent à tous les navires propriété russe, détenus, exploités, contrôlés ou enregistrés par une entité russe ou battant pavillon russe d'entrer dans les ports britanniques.

Des dockers de l'Isle de Grain, à l'Est de Londres au Royaume-Uni, ont ainsi refusé de décharger le gaz naturel liquéfié de deux tankers russes, le Boris Vilkitsky et le Fedor Litke, qui ont dû rebrousser chemin. Mais les Britanniques ont aussi refusé de décharger un tanker allemand de son pétrole russe, mettant ainsi en lumière les "failles" du système de sanctions britanniques.

Pour l'heure, aucun embargo sur le pétrole russe n'a été décidé. Mais les commandes se raréfient car les compagnies maritimes refusent d'envoyer des navires en zone de guerre.

Depuis le début du conflit en Ukraine, les géants de l'énergie prennent leurs distances avec le Kremlin. Plusieurs multinationales pétrogazières coupent les ponts. Sous pression, le britannique BP s'est désengagé de son partenaire russe Rosneft, autre poids lourd de "l'or noir", dont il détenait 19,75 % du capital depuis 2013. Son concurrent national, Shell, a mis un terme à son partenariat avec Gazprom.

Mais l'entreprise a aussi dû se justifier de son achat de 100.000 tonnes métriques de pétrole à un prix défiant toute concurrence, à 28,5 dollars le baril quand celui-ci frôle les 140 dollars à cause de la perspective d'un embargo.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech