Après des mois de psychodrame et de violentes insultes de la part de Trump, Jerome "too late" Powell devrait annoncer la 1ère baisse de taux de la Fed en 2025

La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait baisser ses taux d'intérêt ce mercredi 17 septembre au terme d'une réunion marquée par la présence d'un conseiller de Donald Trump fraîchement intronisé et d'une gouverneure qui a failli en être exclue.
Les responsables de la banque centrale des Etats-Unis ont entamé leur deuxième jour de réunion à 9 heures (15 heures en France), a rapporté un porte-parole de l'institution. La décision sera rendue à 20 heures (heure française), suivie une demi-heure plus tard d'une conférence de presse du président de la Fed, Jerome Powell.
Les investisseurs anticipent depuis plusieurs semaines une baisse des taux directeurs de la banque centrale des États-Unis, la première de 2025, qui a paru s'imposer après des rapports montrant une dégradation du marché du travail. La dernière baisse de taux de la Fed remonte en effet à décembre 2024. Sous le second mandat de Donald Trump, Jerome Powell et ses gourverneurs s'étaient jusqu'à présent montrés inflexibles par crainte d'un retour de l'inflation.
Un quart ou un demi point?
Mais des questions restent en suspens. Quelle sera l'ampleur de la baisse: un quart de point, scénario le plus probable, ou un demi-point? Les banquiers centraux vont-ils se diviser? Et quelles seront les prochaines étapes?
Les responsables de la Fed doivent aussi actualiser, pour la première fois depuis juin, leurs prévisions pour la croissance, l'inflation et le chômage.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump a relevé les droits de douane à un niveau plus vu dans le pays depuis les années 1930. La majorité des économistes s'attendent à voir en conséquence les prix augmenter, la demande faiblir et le chômage augmenter.
C'est d'ailleurs pour relancer les investissements et les embauches que la Fed devrait, pour la première fois en neuf mois, baisser ses taux d'intérêt, qui guident les coûts d'emprunt.
Remue-ménage avec un nouveau conseiller et une qui a failli être exclue
Mais la stratégie monétaire, relevant d'ordinaire d'un monde académique et feutré, a glissé vers la saga politique et la chronique judiciaire. Le président Donald Trump réclame depuis des mois des baisses massives des taux directeurs et a tenté de faire partir le patron de l'institution Jerome Powell.
A grands coups de messages sur son réseau Truth Social, le président américain a ainsi critiqué le patron de la Fed sur tous les tons. Le surnommant "Too late" ("trop tard"), l'accusant de "malversation financière" ou encore le traitant d'"imbécile" ou d'"immense loser". Du jamais vu dans l'histoire de l'institution monétaire fondée en 1913.
Mais Donald Trump a aussi cherché, en vain, à empêcher la gouverneur Lisa Cook de siéger cette semaine. Accusée par le camp présidentiel d'avoir menti à des banques pour obtenir des prêts immobiliers personnels, Mme Cook affronte Donald Trump devant la justice pour rester en place. La Maison Blanche a juré de porter l'affaire jusqu'à la Cour suprême, dont Donald Trump a cimenté la majorité conservatrice lors de son premier mandat.
Il vient en parallèle de placer un fidèle à la Fed. Confirmé in extremis par le Sénat à majorité républicaine en tant que gouverneur et membre du comité de politique monétaire, Stephen Miran a prêté serment juste avant le début de la réunion, mardi.
Stephen Miran a prévenu qu'il ne démissionnerait pas de son poste à la tête du Comité des conseillers économiques (CEA) de la Maison Blanche, mais prendrait seulement un congé sans solde, son mandat à la Fed ne devant durer que quelques mois. Le maintien de ce lien avec la présidence a révolté l'opposition démocrate, pour qui il ne fera qu'appliquer les injonctions de Donald Trump à baisser les taux.
Une décision pas unanime?
Economiste chez EY, Gregory Daco se demande si Stephen Miran plaidera comme Donald Trump pour des baisses massives dès cette réunion, ce qui accentuerait "la perception d'une politisation de la Fed".
Ou il pourrait préférer une baisse d'un demi-point, "ce que le gouverneur Christopher Waller et la gouverneure Michelle Bowman pourraient aussi préconiser", pointe-t-il auprès de l'AFP.
Les analystes de la Deutsche Bank pensent également que ces trois gouverneurs nommés par Donald Trump pourraient voter contre la décision majoritaire, ce qui serait une première depuis 1988.
Ils n'excluent pas qu'un ou deux présidents de Fed régionales se prononcent à l'inverse pour laisser les taux inchangés, de crainte d'alimenter l'inflation. Ce sont au total douze personnes qui votent sur les taux d'intérêt, dont les visions risquent d'entrer en collision.