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9,6% pour la France, 12,3% pour l'Allemagne... Pourquoi les surtaxes douanières de Trump épargnent plus la France que nombre de ses voisins

Les exportations chinoises ont connu un recul inattendu en mars.

Les exportations chinoises ont connu un recul inattendu en mars. - Blake Thornberry - Flickr - CC

Selon une étude des douanes publiée ce mardi, le taux de droits de douane additionnels moyen portant sur les exportations de la France vers les États-Unis serait de 9,6%. Un niveau bien moins élevé que celui appliqué à certains pays comme la Slovaquie (22,1%), la Hongrie (18,3%) ou même l'Allemagne (12,3%).

Face aux droits de douane américains, les exportateurs français ne sont pas tous logés à la même enseigne. Selon une étude des douanes publiée ce mardi, plus de huit produits "made in France" sur dix (82%) exportés vers les États-Unis sont frappés depuis avril par la surtaxe additionnelle de 10% décidée par l’administration Trump. 12% sont au contraire totalement exemptés de droits de douane tandis que le reste est à l’inverse visé par une surtaxe de 25%.

Pour rappel, les États-Unis ont annoncé le mois dernier la mise en place de droits de douane additionnels à l’importation de 20% pour les produits venant de l’Union européenne. Un taux suspendu quelques jours plus tard et remplacé par une surtaxe de 10% pendant 90 jours. Certains produits ont en revanche été exemptés de droits de douane tandis que d’autres comme l’automobile, l’acier et l’aluminium sont davantage taxés, à hauteur de 25%.

Au final, le taux de droits de douane additionnels moyen portant sur les exportations de la France serait de 9,6%, calculent les douanes. Sachant que les producteurs tricolores ont exporté pour 48,5 milliards d’euros de marchandises vers les États-Unis l’an passé, les droits de douane américains représenteraient plus de 4,5 milliards d’euros de taxes supplémentaires pour les importateurs.

La France exporte en effet une bonne partie de produits pharmaceutiques (près de 4 milliards d'euros sur les 48,5 milliards au total) qui sont totalement exemptés. Ce qui fait baisser la surtaxe moyenne sur les produits hexagonaux qui entrent aux Etats-Unis.

La France un peu plus épargnée que ses principaux voisins

Avec un taux de droits de douane moyen de 9,6%, la France est proche du taux moyen de l’UE (9,5%). Mais cette moyenne européenne est tirée vers le bas par certains pays qui exportent peu vers les États-Unis ou qui exportent essentiellement des produits exemptés. C’est le cas de l’Irlande (taux moyen de 2,8%) dont les trois quarts des exportations outre-Atlantique concernent des produits pharmaceutiques qui ne sont pas touchés par les surtaxes à ce stade.

À l’inverse, d’autres pays sont bien plus fragilisés. En particulier ceux qui exportent beaucoup de biens visés par les taxes à 25%. Par exemple, 80% des exportations de la Slovaquie vers les États-Unis sont constituées de véhicules ou de pièces détachées.

Une proportion qui atteint également 58% pour la Hongrie ou encore 27% pour l’Allemagne, contre seulement 4% pour la France. Résultat, le taux de droits de douane additionnels moyen s’élève à 22,1% pour la Slovaquie, 18,3% pour la Hongrie, 12,3% pour l’Allemagne… Ce taux s’élève aussi à 16,1% pour la Roumanie notamment parce que l’acier et l’aluminium pèsent près de 20% de ses exportations, contre 1% seulement pour la France.

Les droits de douane américains sur les exportations de l’UE représenteraient ainsi un total de 50 milliards d’euros de surtaxes, dont 19,5 milliards uniquement sur les produits allemands, l’Allemagne étant de loin le premier exportateur européen vers les États-Unis (158 milliards d’euros de biens exportés l’an passé).

Les États-Unis, deuxième client de la France

Si la France a affiché un déficit commercial de 4,2 milliards d’euros vis-à-vis des États-Unis en 2024, jamais elle n’a autant exporté de biens outre-Atlantique en valeur (48,5 milliards d’euros, +3,4 milliards sur un an). Les États-Unis représentent ainsi 8,3% des exportations totales tricolores, ce qui en fait le deuxième client de l’Hexagone, après l’Allemagne (13,3% des exportations) et juste devant l’Italie (8,2%).

Comme le rappellent les douanes, "les produits exportés par la France vers les États-Unis sont assez diversifiés, les trois premiers biens ne représentant qu’un peu plus d’un tiers du total exporté".

Dans le détail, un produit français exporté outre-Atlantique sur cinq concerne la construction aéronautique et spatiale (livraisons de turboréacteurs, d’avions et de parties d’avions et de turboréacteurs notamment). Viennent ensuite les boissons et en particulier les cognacs, vins et champagnes (8% des exportations françaises vers les États-Unis), les produits pharmaceutiques majoritairement constitués de médicaments (8%) et les parfums, cosmétiques et produits d’entretien (6%).

Dans le sens inverse, seules 2,11% des exportations américaines sont destinées à l’Hexagone (52,7 milliards d’euros), ce qui fait de la France le 11e client des États-Unis. Les principaux produits importés sont les produits de la construction aéronautique et spatiale (21%), les hydrocarbures naturels (20%) dont la proportion dans les importations est tirée par les livraisons de GNL, et les produits pharmaceutiques (9%).

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco