1.800 dollars de plus par voiture et 1 million de ventes en moins: les perspectives douloureuses du marché automobile américain depuis les droits de douane

Un employé dans une usine de voitures électriques de Ford à Dearborn, dans le Michigan, le 20 septembre 2022. - JEFF KOWALSKY / AFP
Les Américains risquent de trinquer. Confrontés à des droits de douane de 25%, les constructeurs automobiles devraient répercuter 80% du surcoût aux consommateurs, selon le consultant AlixPartners, cité par Bloomberg.
Bilan: s'il est stable pour le moment, le prix des voitures devrait grimper de 1.760 dollars en moyenne dans les prochains mois. Cela pourrait tirer les ventes à la baisse. Wakefield anticipe un million de véhicules vendus en moins dans les trois prochaines années.
Les ventes au détail, et de notamment de voitures, ont déjà reculé davantage qu'attendu ces dernières semaines alors que des droits de douane s'appliqueront aussi aux appareils ménagers contenant de l'acier.
Elles ont baissé de 0,9% en mai, pour atteindre 715,4 milliards de dollars, selon des données publiées par le ministère du Commerce. Les vendeurs de voitures et pièces détachées ont connu la plus forte baisse (-3,5% de ventes sur un mois), suivis par le secteur du bricolage et de l'entretien des jardins (-2,7%).
S'il estime que les droits de douane engendreront des "coûts considérables", le cabinet AlixPartners prévoit toutefois que les difficultés finiront par s'atténuer à mesure que les pays concernés passeront des accords avec Donald Trump.
Au contraire, les coups de boutoir du président américain contre les voitures électriques risquent d'avoir des effets beaucoup plus durables. La président américain entend réduire, voire supprimer, les aides financières à l'achat de véhicules électriques.
AlixPartners a donc divisé par deux ses prévisions de vente. Les véhicules électriques à batterie ne devraient représenter que 17 % des ventes automobiles américaines en 2030, contre 31 % selon ses prévisions précédentes. Les constructeurs américains risquent d'être relégués à jouer les seconds rôles, alors que le marché mondial change de paradigme.
Risques pour l'emploi
De nombreux analystes redoutent que ces politiques aient des conséquences négatives sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis. Le nombre d'employés a déjà tendance à diminuer dans l'industrie automobile (-2% en mai sur un an) selon le bureau américain des statistiques du travail.
Au moins dans un premier temps, le secteur manufacturier pourrait souffrir des barrières douanières instaurées par Donald Trump, notamment dans la région de Detroit, coeur battant de l'automobile américaine, où le président américain a réalisé des scores importants aux dernières élections.
Certains ouvriers de l'industrie auto continuent malgré tout de soutenir la politique du président américain.
"Peu importe que nous soyons en transition pendant quelques années. J'ai vécu 40 ans de difficultés", estime sur Facebook Brian Pannebecker, retraité de Chrysler, qui a fondé le groupe "Autoworkers for Trump", cité par le Japan Times.
Cet ancien ouvrier réside dans le comté de Macomb, près de Detroit, connu aux Etats-Unis pour avoir été l'un des premiers bastions du parti Démocrate à basculer vers le parti Républicain lors de l'élection de Ronald Reagan en 1984. Très dépendant de l'industrie automobile, ce comté est particulièrement exposé aux chocs économiques et l'emploi manufacturier y a notablement diminué.