Ile-de-France: cette grève qui oblige les autorités à enfouir des milliers de tonnes d'ordures ménagères

Depuis plusieurs jours, les déchets s’amoncellent sur les trottoirs de la capitale. En cause, le mouvement de grève des agents chargés du traitement des déchets qui protestent contre la réforme des retraites. À l’appel de la CGT Energie, l’ensemble des fours des trois usines d’incinération d’Ile-de-France (Saint-Ouen, Issy-les-Moulineaux et Ivry-sur-Seine) sont à l’arrêt depuis le 23 janvier.
Ces trois sites traitent chaque jour 6000 tonnes d’ordures ménagères résiduelles (déchets des ménages restant dans la poubelle classique après le tri) venues de Paris et de 85 autres communes de la région francilienne. Transformée en vapeur, la chaleur dégagée par ces usines permet d’alimenter les réseaux de la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain pour chauffer des logements et des bâtiments publics, désormais contraints de recourir aux énergies fossiles.
Mesures alternatives
La situation était d’autant plus problématique au début du mouvement que la gestion des fosses dans lesquelles les bennes déversent leurs déchets n’était plus assurée. Autant de perturbations qui ont obligé Syctom, le service public spécialisé, à mettre en place des mesures alternatives. Les ordures ont été envoyées dans des centres de transfert situés aux alentours, voire confiées à des entreprises privées spécialisées dans l’incinération des déchets.
Un plan d’action loin d’être suffisant au regard de la quantité de déchets à traiter: les ordures ménagères résiduelles représentent à elles-seules plus de 80% de l’ensemble des déchets traités chaque année (1,9 million de tonnes sur 2,3 au total) par Syctom. "Les solutions alternatives jusqu’alors utilisées ont été saturés privant toute possibilité de réception des bennes de collecte. Faute de pouvoir vider leur chargement, ces bennes ne pouvaient donc plus ramasser les déchets dans les communes, entraînant des risques en termes de salubrité et de sécurité publique", explique Syctom.
Dans un communiqué, le préfet d’Ile-de-France a lui-même confirmé que "les installations de gestion de déchets situés à proximité ne peuvent pas absorber la totalité du report de ces déchets". De leur côté, les unités extérieures n’offrent qu’une capacité d’environ 500 tonnes d’ordures à incinérer chaque jour.
85% des déchets enfouis
Depuis vendredi, et "afin de garantir la continuité du service de gestion des déchets", le préfet de police a procédé à la réquisition de personnels sur les usines d’Ivry-sur-Seine et de Saint-Ouen. Désormais, ces sites peuvent de nouveau recevoir les bennes mais sont uniquement utilisés comme centres de transit. Les fours, eux, restent à l’arrêt.
Les déchets sont envoyés vers des centres d’enfouissement. Depuis une semaine, on estime à 85% la proportion de déchets enfouis, contre 6% habituellement, ce qui représente près de 5000 tonnes d’ordures non valorisée par jour. Syctom, qui dénonce un "scandale écologique", déplore par ailleurs un coût supplémentaire quotidien de 700.000 euros. Les perturbations devraient néanmoins se poursuivre alors que les grévistes ont voté lundi en faveur de la poursuite du mouvement jusqu'au 7 février.
En milieu de journée, ce mardi, on a toutefois appris que le site d'incinération des déchets d'Issy-les-Moulineaux doit redémarrer d'ici jeudi matin 6 février après un deuxième arrêté du préfet de police de Paris réquisitionnant les personnels en grève contre la réforme des retraites.