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Economie

Fessenheim: des salariés menacent de ne pas arrêter le réacteur n°1

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- - Sébastien Bozon - AFP

Des salariés de la centrale nucléaire alsacienne, dont l'un des deux réacteurs doit être définitivement mis hors service dans la nuit de vendredi à samedi, pourraient ne pas appliquer les procédures d'arrêt.

Fessenheim s'arrêtera-t-il ce soir? Des salariés de la centrale nucléaire alsacienne menacent de désobéir et de ne pas appliquer les procédures d'arrêt du réacteur n°1, qui doit être définitivement mis hors service dans la nuit de vendredi à samedi, même si d'autres jugent que ce serait "impensable", a appris l'AFP jeudi soir de sources concordantes. "Il y a une forme de mécontentement qui pourrait s'exprimer comme ça", a expliqué un salarié de longue date, qui ne souhaite pas être identifié.

"Une équipe de quart, composée de dix à quinze à personnes" doit initier vers 20h30 le processus d'arrêt du réacteur n°1, a indiqué à l'AFP une source syndicale au sein de la centrale. "Ce sera un moment très difficile pour eux, personne ne veut être à l'origine" de l'arrêt du réacteur ni "faire partie de l'équipe" à l'origine de cette action. "C'est une équipe soudée" et "chacun sera alors face à ses responsabilités". "Pour l'ensemble du personnel de quart, cette nuit d'arrêt du réacteur n°1, réaliser les gestes pour le découpler définitivement sera quelque chose de très difficile à vivre."

"Dire si réellement certains agents refuseront de le faire, c'est une initiative personnelle pour laquelle je ne peux pas me prononcer", poursuit cette source, soulignant que les syndicats conseillent aux salariés "de faire leur travail jusqu'au bout, de ne pas s'exposer à des sanctions pénales". "Il y a aussi le fait qu'on aimerait plus de reconnaissance, il y a une absence de prise en compte des aspirations des salariés, on veut de meilleures conditions de reclassement", ajoute un autre salarié.

"Absolument impensable"

Cependant, une telle désobéissance est "absolument impensable", selon une autre source au sein de la centrale. "Il y a des mouvements d'humeur, du mécontentement, des haut-le-cœur, oui: personne n'a envie de débrancher ce réacteur sûr, rentable... Il y a une énorme émotion, mais en même temps tout le monde fait son boulot. C'est une question d'honneur. Le travail sera fait et bien fait. Tout le monde suivra les ordres", affirme ainsi ce dernier salarié. Tout en précisant: "Cela fait mal aux tripes, mal au cœur, mais vous avez affaire à des gens qui vivent avec des procédures, avec des règles, et qui sont très respectueux de ces procédures. Il est impensable, inenvisageable que la loi ne soit pas respectée".

J. B. avec AFP