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Le wi-fi dans le TGV est calamiteux? La SNCF va mettre en compétition les satellites d'Elon Musk et le français Eutelsat pour l'améliorer

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La compagnie ferroviaire cherche à améliorer la qualité de service parfois décevante de l'internet mobile à bord de ses trains à grande vitesse.

C'est une expérience douloureuse que tout passager de TGV a vécue: la connectivité à bord des rames. Trop souvent, la qualité du service Wi-Fi proposée dans les trains est décevante.

En cause: le fait que ce Wi-Fi se connecte le plus souvent aux réseaux 4G/5G des opérateurs mobiles. Or, la vitesse et les zones grises (sans antennes à proximité) empêchent parfois d'avoir une connexion confortable et sans coupure et ce, malgré les efforts de la compagnie ferroviaire et la meilleure couverture du réseau mobile par Orange, BouyguesTel, SFR et Free grâce à plus d'antennes le long des voies.

Selon La Lettre, la SNCF a lancé des consultations en vue d'un appel d'offres qui serait lancé au dernier trimestre. Il s'agit de proposer une connexion très haut débit via la technologie satellitaire en orbite basse. Ce qui réduit le nombre de candidats possibles.

"Changer la donne"

Concrètement, on devrait assister à un combat entre le service Starlink d'Elon Musk et l'offre du français Eutelsat avec OneWeb (les deux entreprises ont fusionné en 2023).

Le service américain profite d'une certaine avance sur son concurrent. Outre sa présence dans les avions de nombreuses compagnies aériennes, Starlink a été choisi par ScotRail en Ecosse. De quoi "changer la donne" pour les communications ferroviaires, assure l'entreprise d'Elon Musk.

Au-delà des services aux passagers, Clarus Networks, revendeur de l'offre Starlink, souligne que cette offre va également améliorer l'exploitation des trains en fournissant des données précises en temps réel pour le diagnostic et la surveillance à distance.

Surtout, Starlink peut s'appuyer sur une constellation de 7.500 satellites en orbite basse, contre 600 pour OneWeb.

La question est de savoir si le Groupe SNCF donnera un avantage à Eutelsat pour des questions de souverainté technologique. Mais rien n'est moins sûr: dans un appel d'offres en 2021, il a confié l'hébergement de ses serveurs à Amazon Web Services, écartant la proposition du français OVH, suscitant au passage une petite polémique.

Pas de préférence nationale

En tout état de causes, l'intégration de cette technologie au sein des TGV devrait constituer une bonne nouvelle pour les voyageurs. Il faut rappeler que la grande vitesse implique de lourdes contraintes pour la connectivité. Outre l'obligation d'assurer un bon service à 300 km/h, la caisse d'un TGV agit comme une cage de Faraday, ce qui a pour effet de bloquer les champs électromagnétiques. Mais il faudra valider techniquement cette approche et homologuer le matériel, ce qui ne sera pas une mince affaire.

De son côté, la solution satellitaire a fait d'importants progrès. Les services historiques d'internet mobile par satellite passaient par des engins en orbite géostationnaire, à plus de 35.000 km d'altitude. Mais leur éloignement fait qu'ils ne peuvent pas atteindre les performances d'une connexion à très haut débit, en raison notamment du délai entre la commande et l'exécution de la requête.

Les satellites à la Starlink et OneWeb évoluent en revanche en orbite terrestre basse autour de la Terre, soit à quelques centaines de kilomètres d'altitude. Plus petits et beaucoup moins chers, ils permettent des communications à faible latence, c'est-à-dire avec un délai de transmission réduit, et donc plus rapides.

Interrogée par nos soins, la SNCF indique que "des réflexions et expérimentations sont menées pour améliorer la connectivité des équipements SNCF (trains, sites industriels, etc.) via de nouvelles solutions, mais aucune décision n’est à l’ordre du jour et encore moins avec un fournisseur en particulier".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business