Transports, essence, école... À quoi s'attendre pour la grève du jeudi 19 janvier?
Front syndical uni pour la première fois depuis 12 ans, appels de partis politiques à une mobilisation massive, menaces de paralysie... La réforme des retraites, présentée par le gouvernement le 10 janvier, a provoqué une levée de boucliers des syndicats.
La grève programmée le jeudi 19 janvier fera donc office de test grandeur nature pour les syndicats qui pourraient, selon les secteurs, poursuivre le mouvement de manière dure.
• Transports: vers un "jeudi noir"?
À la SNCF, c'est un front syndical uni qui appelle à une grève "puissante". L’intersyndicale composée de la CGT, l’Unsa, SUD et la CFDT affiche son "opposition totale au recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans accompagné d’une hausse de la durée de cotisation".
Pour le moment, difficile d'évaluer l'impact sur l'offre de trains, les prévisions de trafic seront communiquées par la SNCF la veille de la grève. Pour autant, les syndicats veulent marquer les esprits avec une "journée coup de poing".
Le 19 janvier fera figure de test pour la suite du mouvement. Interrogé par BFM Business, un contrôleur membre du collectif ASCT (à l'origine de la grève massive du week-end de Noël) confirme: "je pense qu'il faudra attendre la journée (de jeudi) pour avoir un avant-goût de la suite".
"Nous nous déterminerons en fonction de l'ampleur de la mobilisation", abonde Didier Mathis, secrétaire général de l'Unsa-ferroviaire, deuxième syndicat de la SNCF.
À la RATP, l'objectif d'une journée noire est le même pour les syndicats unis (CGT, FO, Unsa, CGC). Interrogé par BFM Paris, Grégoire de Lasteyrie, vice-président d'Île-de-France mobilités craint que "les syndicats essayent de perturber au maximum la vie quotidienne des franciliens pour créer une sorte de ras-le-bol autour de cette réforme. On annoncera les plans de transport la veille", explique-t-il, appelant les salariés à télétravailler lorsque c'est possible.
Rappelons que la RATP est particulièrement visée par la réforme avec la disparition pour les nouvelles recrues du régime spécial des retraites (qui rejoignent le régime général), à l'image de ce qui a été fait à la SNCF.
Dans l'aérien, les perspectives de perturbations sont pour le moment difficiles à évaluer.
Un syndicat minoritaire représentant les contrôleurs aériens a posé un préavis de grève mais pour le moment la direction générale de l'aviation civile (DGAC) n'a pas communiqué sur des éventuelles annulations de vols.
Le syndicat SNPNC-FO représentant les hôtesse de l’air et stewards de la compagnie aérienne Air France a pour sa part appelé à la grève ce lundi. la compagnie aérienne n'a pour le moment pas précisé quelles seraient les conséquences pour les vols de jeudi.
L’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC,UNSA, Solidaires et FSU) a appelé tous les salariés des aéroports à rejoindre le mouvement sans que l'on connaisse l'importance des perturbations.
• Énergie: les syndicats agitent la pénurie d'essence
Bis repetita pour les raffineries? Dans un communiqué, la branche Pétrole de la CGT appelle à plusieurs jours de grève. L'appel entraînera des "baisses de débit" et "l'arrêt des expéditions", a précisé Éric Sellini, coordinateur national du syndicat pour TotalEnergies.
Dans le détail, l'organisation appelle à la grève le 19 janvier pour une durée de 24 heures, le 26 janvier pour une durée de 48 heures et le 6 février pour une durée de 72 heures. À cette date, la reconduction de la grève sera proposée aux salariés "avec si nécessaire, l'arrêt des installations de raffinage".
Face à cette menace, Élisabeth Borne a appelé les syndicats à "ne pas pénaliser les Français". Une vaste mobilisation de près d'un mois, initiée par la CGT le 27 septembre dernier, avec l'arrêt de raffineries et le blocage de dépôts, avait provoqué d'importantes difficultés d'approvisionnement en carburant en France.
• Hôpital: une mobilisation qui va au-delà des retraites
Comme souvent, beaucoup de soignants en grève seront tout de même à leur poste mais les effets du mouvement risquent une nouvelle fois de peser sur l'accueil des patients notamment aux urgences. En effet, certains professionnels de la santé pourraient ne pas pouvoir se rendre à leur travail à cause de la grève dans les transports.
L'annonce de la réforme des retraites vient s'ajouter à un malaise profond autour des conditions de travail et des salaires malgré les revalorisations actées par le Ségur de la Santé.
• Éducation nationale: beaucoup de classes seront fermées
La perspective de travailler deux ans de plus pour une profession dont l'entrée en activité est tardive ulcère les syndicats. La FSU, première fédération syndicale enseignante, a déjà lancé un appel à la mobilisation dans l’éducation le 17 janvier, sur les salaires, les conditions de travail et la voie professionnelle, l’organisation se joint aussi à la grève générale du 19 janvier.
Elle dénonce "des mesures brutales et injustes" qu’il "nous faut combattre de toutes nos forces", dans un communiqué publié le 10 janvier. "Qualité du service public, salaires, retraites, il s’agit à chaque fois d’une question de répartition des richesses, le gouvernement ouvre plusieurs fronts, soyons présent-es sur tous ! ", conclut-elle.
L'appel à la grève déposé par les principaux syndicats de la profession devrait donc être très suivi à tous les étages notamment dans les lycées professionnels.
• Fonction publique: un rare front syndical
L’intersyndicale de la fonction publique a invité tous les agents à se mobiliser contre une réforme des retraites jugée "injuste et inutile". Dans un rare communiqué commun, les huit organisations syndicales représentatives de la fonction publique "exigent du gouvernement le retrait de son projet de reporter l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans et d’augmenter la durée de cotisation".
"Les améliorations évoquées des droits des agents et agentes par la mise en place d’une retraite progressive dans certains cas, la conservation des droits liés au service actif et désormais leur portabilité, ne peuvent en aucun cas compenser le recul de l’âge d’ouverture des droits à la retraite ou l’allongement de la durée de cotisation", affirment-elles.
• Police: deux années de plus qui ne passent pas
"Il n'est pas question que les policiers travaillent plus longtemps", prévient Synergie-Officiers, une des composantes de l'intersyndicale de la police nationale qui appelle à une mobilisation massive le 19 janvier.
La réforme prévoit un départ à taux plein repoussé de deux ans à 59 ans avec le maintien de la possibilité de partir à 57 ans avec une décote de 5% par an avant 59 ans. Une perspective rejetée en bloc par les policiers qui mettent en avant l'usure extrême due au métier.