SNCF, RATP: pourquoi les contrôleurs vont être privés de leurs caméras-piétons

Mauvaise nouvelle pour le quotidien des contrôleurs de SNCF Voyageurs ou de la RATP. Dès la fin de cette semaine, ils devront retirer leur caméra-piéton, son port n’étant plus autorisé par la loi.
Cela concerne tous les agents équipés des entreprises de transport public, comme la RATP à Paris par exemple.
En cause, le non-renouvellement du texte législatif encadrant son expérimentation à cause de la dissolution de l'Assemblée nationale, révèle L'Express. Une information confirmée à BFM Business par une source à la SNCF.
Rappel des faits. En 2019, le sénateur Philippe Tabarot propose d’équiper les agents volontaires de ce dispositif en plus des policiers, gendarmes et militaires, dans le cadre de la loi orientation des mobilités. Un texte est voté permettant une expérimentation sur quatre ans.
Une utilité prouvée
A la SNCF par exemple, 2.700 agents sont équipés sur la base du volontariat, notamment les contrôleurs (on en compte 10.000 environ au total) qui, souvent en première ligne face aux incivilités voire aux agressions des usagers, accueillent positivement la mesure.
L'an passé, plus de 6.000 actes de violence verbale ou physique (injures, outrages, menaces, violences physiques…), soit 16 chaque jour en moyenne ont été comptabilisés. 433 ont entraîné un accident du travail avec arrêt de travail, un chiffre en hausse de 8% en un an.
Selon la SNCF, la présence d'une caméra-piéton sur la tenue d'un contrôleur est dissuasive.
95% des déclenchements ont "permis d’apaiser ou contenir les situations conflictuelles", et 85% des agents estiment en outre que "la caméra-piéton a permis d’éviter un outrage ou une agression", selon un sondage interne.
Résultat, 96% des agents volontaires souhaitent la pérennisation du dispositif même si les syndicats sont plus nuancés sur cette adoption.
"La caméra a été très utile dans de nombreuses situations, notamment pour désamorcer des conflits", confirme un chef de bord interrogé par BFM Business.
Et pour une fois, agents et direction sont sur la même longueur d'onde pusique la SNCF affichait il y a encore quelques mois l'objectif d'équiper en tout 5.500 agents d’ici la fin 2024 pour un investissement de 2 millions d'euros (soit un total de plus de 4 millions d'euros).
Sauf que... La direction de la SNCF et des autres opérateurs semble avoir oublié que l'expérimentation avait une date de fin, le 1er octobre 2024.
L’UTPF, l’Union des transports publics et ferroviaires, aurait bien saisi l’Assemblée nationale pour la prolonger, mais trop tard. Reste à savoir qui a été en retard dans cette affaire.
"On ne comprend pas cette décision"
Car entre temps, la dissolution est intervenue et les travaux parlementaires interrompus. Il y a donc un vide juridique qui oblige les opérateurs impliqués dans cette expérimentation à la cesser.
Dans un communiqué publié ce jeudi, l'UTPF rejette toute responsabilité sur l'Etat et "regrette profondément que l'État n'ait pas veillé au maintien de l'usage des caméras piétons par les agents de contrôle des opérateurs de transport public et ferroviaire. Le GART et l'UTPF demandent aux nouveaux ministres, Bruno Retailleau, pour l'Intérieur, et François Durovray, pour les Transports, de tout faire pour éviter l'interruption de ce dispositif au 1er octobre 2024 et en garantir la pérennisation à long terme en inscrivant au plus vite à l’ordre du jour de l'Assemblée nationale la proposition de loi sur la sûreté dans les transports".
En mai dernier, la CGT s'interrogeait pourtant sur le silence de la direction de la SNCF sur cette expérimentation "et sur ses intentions".
Selon L'Express, le texte pourrait être examiné par les députés d'ici janvier prochain.
En attendant, les chefs de bord de SNCF Voyageurs ou les contrôleurs de la RATP devront s'en passer. "On ne comprend pas trop cette décision", nous dit un chef de bord.
Contactée, la SNCF renvoie la patate chaude à l’UTPF car cette question n'est pas spécifique à l'opérateur mais à toute la filière, nous explique-t-on. L'UPTF de son côté n'a pas répondu à nos demandes de précisions.