Piétonisation des voies sur berge: qui sont les gagnants, qui sont les perdants?

La piétonisation définitive des voies sur berge sera étudiée à la fin du mois par la préfecture de police, après six mois de phase de test. A l’issue de cette période, piétons, commerçants et automobilistes ne font pas le même bilan.

En six mois de fermeture, les voies sur berge ont régulièrement alimenté la polémique. Le bilan officiel sera bientôt établi par la préfecture de police, qui s'appuiera sur les différentes études sur le trafic routier mais aussi sur la pollution et les nuisances sonores pour donner son aval à une piétonisation définitive. Mais depuis septembre, les usagers ont déjà pu ressentir les effets de cette piétonisation et être plus ou moins convaincus des bienfaits de la mesure, voulue par la mairie de Paris. 

>Les piétons

Si pendant les mois d'hiver, la fréquentation n'a pas toujours été au rendez-vous, il suffit de voir l'affluence de promeneurs le week-end dernier pour confirmer l'attrait des piétons pour les voies sur berge. A pied, à vélo, en trottinette, les promeneurs se sont déjà appropriés les lieux et sont évidemment les grands gagnants de la fermeture des voies sur berge.

Mais si les piétons apprécient l'espace retrouvé, certains déplorent un manque d'équipements. "Ca manque un peu d'aménagements. Il faudrait des cafés", ont confié des promeneurs à BFM Paris. A terme, la mairie de Paris entend transformer les voies sur berge en parc urbain végétalisé mais doit attendre la confirmation d'une piétonisation définitive pour y installer des équipements présents durablement.

La balade serait toutefois déjà conseillée dans les guides touristiques étrangers comme l'un des lieux incontournables de la capitale, rapportait lundi Le Parisien. 

>Les commerçants

Selon leur localisation, les commerçants n'ont pas le même avis sur la fermeture des voies sur berge. Ceux situés sur les quais hauts expliquent souffrir du report de circulation devant leurs boutiques. "Il y a beaucoup plus de nuisances sonores du fait que les embouteillages entraînent justement une intervention régulière de la police, afin d'organiser la circulation donc des sifflets à longueur de soirée", confie Jean-Christophe Félipe. Ce restaurateur appréhende particulièrement la saison d'été et s'inquiète de voir sa terrasse rester vide.

Sur les quais bas, les rares commerçants installés n'ont pas cette crainte. Rafera Ameur, restauratrice sur l'une des deux seules péniches de la promenade explique avoir augmenté son chiffre d'affaires de 30% par rapport à sa précédente saison hivernale. "Depuis cinq mois j'ai remarqué surtout les week-end, les gens sont au rendez-vous. Je verrai cet été l'impact, par contre par rapport à ce mois-ci et le mois de l'an passé je vois tout de suite qu'il y a une différence", indique-t-elle. 

>Les automobilistes

Ce sont eux qui ont le plus fait parler d'eux et estiment avoir surtout perdu...du temps depuis la piétonisation des voies sur berge. Fin 2016, près de 200 élus franciliens ont réclamé leur réouverture, dénonçant pour leurs administrés une détérioration de la vie quotidienne avec des temps de parcours allongés. Mais à la question de savoir si le trafic routier et la pollution ont réellement augmenté depuis la fermeture des voies sur berge, la réponse diverge.

Au cours de ces six mois la mairie de Paris et la Région se sont contredis à coup de chiffres et de différents rapports. La Ville a mis en avant une baisse du trafic sur les axes de report des automobilistes ainsi qu'amélioration de la qualité de l'air sur les quais bas.

La Région s'appuie quant à elle sur d'autres rapports du comité régional de suivi et dénonce un doublement des temps de parcours sur certains axes le soir. La présidente de la Région Valérie Pécresse mise d'ailleurs désormais sur un plan alternatif à la piétonisation voulue par la mairie.Cette dernière compte sur le rapport final des différentes études pour valider son projet et permettre la piétonisation définitive des voies sur berge.

Carole Blanchard