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Locomotives râcleuses, chasse-neige: comment la SNCF protège trains et voies de la neige et du froid

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La SNCF déploie une série de mesures pour éviter les conséquences du froid mais surtout de la neige (sur les voies et les caténaires) qui peut entraîner des retards voire des trains bloqués.

A l'image des grandes chaleurs, le froid et la neige sont les ennemis des trains. L'épisode neigeux que connaît la France ce jeudi n'épargne d'ailleurs pas le réseau ferroviaire.

Pour le moment (ce jeudi matin), on observe des perturbations dans le Nord du pays. Les gares d'Arras et de Douai ne sont pas desservies. Les circulations en TGV entre Lille et Dunkerque et entre Lille et Valencienne sont également perturbées.

Afin de limiter les problèmes, la SNCF déploie une série de mesures pour éviter les conséquences du froid mais surtout de la neige (sur les voies et les caténaires) qui peuvent entraîner des retards voire des trains bloqués en pleine voie.

Pour retirer de la neige accumulée de façon trop importante sur les voies, la SNCF dispose de 43 engins chasse-neige qui "sont révisés, testés et prépositionnés aux endroits à risque pour intervenir au plus vite", explique l'opérateur.

43 engins chasse-neige

"Parmi eux, des engins moteurs et des draisines comportent des éperons chasse-neige capables de déneiger rapidement le réseau si la hauteur de neige est inférieure à 30 centimètres", poursuit la SNCF.

Côté aiguillages, qui pourraient être grippés, des "réchauffeurs d’aiguilles" qui les libèrent les aiguillages de l’emprise de la glace sont installés, "en plus d'une surveillance accrue par les agents".

Mais le risque le plus important c'est que le fil d'une caténaire casse sous le poids de la neige, ce qui a pour effet de stopper le trafic sur un tronçon donné, faute de courant. Il faut alors évacuer les passagers des trains, un exercice très délicat et qui prend du temps.

"Nous les dégivrons grâce à des circuits électriques de réchauffage. Par ailleurs, 20 locomotives dites "racleuses", équipées de pantographes avec des bandes d’archet en acier, sont prêtes à rouler en Île-de-France, Bourgogne, Alpes, Centre-Val-de-Loire, Limousin, Aquitaine-Poitou-Charentes et Midi- Pyrénées dès le début des épisodes de grand froid", détaille le transporteur.

Réduction de la vitesse

Autre mesure, appliquer "un produit lubrifiant, biodégradable à 95% et hydrophobe sur certaines lignes très concernées", qui limite l’adhérence de l’eau sur le fil de contact et donc la formation de givre. Ce produit "facilite le décrochage du givre lors du passage des archets des pantographes et permet de les préserver".

Il faut également protéger les locomotives en première ligne face à la neige. "Les blocs de neige et de glace soulevés par le souffle des trains peuvent agir comme des projectiles et casser des vitres, ou encore s’accumuler sur les organes essentiels des trains. Nous installons des housses ou de l’antigel autour des organes sensibles (portes, suspensions, bas de caisse des trains, etc.) pour éviter la formation de blocs de glace", continue la SNCF.

Des blocs de neige sur un train de la SNCF
Des blocs de neige sur un train de la SNCF © SNCF

Pour autant, face à des situations extrêmes, des réductions de vitesse sont décidées, comme lors de canicules avec des TGV circulant à 220 voire 160km/h et des Intercités et TER limités à 120km/h.

Enfin, comme avec le froid, l’acier des rails se rétracte, le risque est d'observer la propagation de fissures qui peuvent donner lieu à des ruptures de rails.

"Ceux-ci sont régulièrement contrôlés, soit par des trains spéciaux, soit par des agents munis d’appareils portatifs. Un émetteur-récepteur d’ondes est posé sur le rail. Il envoie des ondes qui se propagent à l’intérieur du rail jusqu’à sa base appelée "patin". L’écho de l’ultrason remonte ensuite jusqu’au champignon; la durée de l’aller-retour permet de déterminer la profondeur du défaut rencontré dans le rail. C’est le principe d’une échographie", explique l'opérateur.

La pluie verglaçante, l'autre danger
Assez rare et très localisé, ce phénomène météorologique suppose des conditions bien particulières. L’hiver, quand la température au niveau du sol est négative, un courant d’air chaud peut parfois s’infiltrer sous les nuages. Les précipitations neigeuses fondent alors au contact de l’air chaud situé entre les nuages et le sol.

La neige se transforme en pluie et les gouttes qui tombent gèlent instantanément sur le sol froid ou dès qu’elles entrent en contact avec quoi que ce soit de froid, comme une caténaire gelée. Une couche de glace se forme alors à la surface.

En France, les épisodes de pluies verglaçantes se produisent généralement durant une période de transition, lorsqu'un redoux succède à un temps froid persistant (ce qui devrait se produire dans les prochains jours). 13 wagons racleurs sont utilisables pour enlever cette couche de glace.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business