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La SNCF renforce son offre Ouigo en Espagne malgré les critiques du gouvernement

Un train Ouigo sur la ligne Madrid-Barcelone

Un train Ouigo sur la ligne Madrid-Barcelone - SNCF

Deux nouvelles liaisons low cost entre Madrid et l'Andalousie sont lancées au grand dam du ministre des Transports du pays qui juge l'offensive de la SNCF "déloyale".

Ouigo Espagne a inauguré mardi deux nouvelles liaisons entre Madrid et l'Andalousie, les dernières prévues de son plan de déploiement engagé en 2021. Ces deux trajets seront officiellement lancés ce jeudi.

Il s'agit de la liaison entre Madrid et Séville d'une part, et entre Madrid et Malaga. Elle marque "l'aboutissement de plus de six ans de travaux", a souligné lors d'une conférence de presse le président de Ouigo Espagne et directeur général de SNCF Voyageurs, Alain Krakovitch.

Trois allers-retours seront proposés chaque jour entre Madrid et Séville dont deux avec des arrêts à Cordoue et il y aura deux allers-retours entre la capitale espagnole et la cité balnéaire de Malaga.

Au total, Ouigo Espagne "offrira 35.000 places par semaine entre Madrid et l'Andalousie", avec des premiers prix à neuf euros, a souligné sa directrice générale, Hélène Valenzuela. Cela représentera près d'un tiers de l'activité du groupe en Espagne, a-t-elle précisé.

35.000 places par semaine

Elle va permettre à Ouigo Espagne, une filiale de SNCF Voyageurs, de desservir un total de 15 villes sur le territoire espagnol, et d'être rentable dès cette année, a souligné le patron de l'opérateur ferroviaire.

Le groupe prévoyait à l'origine d'être rentable dès 2024. Mais le retard pris sur le lancement des liaisons avec l'Andalousie, initialement prévu en octobre dernier, et les intempéries meurtrières de Valence fin octobre, qui ont interrompu les liaisons avec cette région durant trois semaines, l'ont obligé à revoir ses plans.

Mais SNCF Voyageurs met également en avant de nombreux "obstacles" technologiques et réglementaires" de la part de l'administration espagnole.

Il faut dire que Ouigo ESpagne est la cible de vives critiques de la part du ministre espagnol des Transports Oscar Puente, qui a accusé le groupe de pratiques "déloyales" en raison de sa politique tarifaire agressive.

"Ce n’est pas raisonnable, la concurrence doit être loyale et ne pas entrer dans des pratiques qui conduisent à l’extermination de l’adversaire", expliquait le ministre dans El Mundo, accusant donc à demi-mot Ouigo de faire du dumping.

Dumping

"Nous ne recevons pas de subventions de la France et nous maintiendrons les prix bas", avait réagi Hélène Valenzuela, directrice générale de Ouigo Espagne. "Notre politique tarifaire fonctionne et est un élément structurant de notre offre. Elle ne changera pas".

"C'est la première fois qu'on nous reproche des prix bas", ironisait Alain Krakovitch.

Ouigo Espagne rappelle également qu'il "allait payer 1 milliard d'euros" au cours des dix prochaines années, conformément à l'accord-cadre passé avec l'Etat.

Malgré ces critiques, l'arrivée de Ouigo en Espagne avec l'ouverture à la concurrence, a révolutionné l'usage du train dans un pays où le rail était historiquement cher et où la voiture a longtemps régné en maître.

Selon les chiffres du régulateur français des transports, en Espagne, entre 2019 et 2023, le nombre de sièges disponibles a augmenté de +60% sur les lignes Madrid-Barcelone, Madrid-Levante et Madrid-Sud. Et Ouigo Espagne en profite largement avec 20% de parts de marché.

Rappelons également que la Renfe, l'opérateur historique espagnol est également présente en France et critique également les freins imposés par l'administration.

Olivier Chicheportiche avec AFP