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JO, tarifs, recrutements... les défis de la SNCF après une année 2023 qualifiée "d'âge d'or" du train

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En 2023, l'opérateur a battu son record de fréquentation avec 122 millions de voyageurs empruntant ses TGV, c'est 4% de plus qu'en 2022.

"C'est l'âge d'or du train, les chiffres le démontrent". Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs ne cache pas sa satisfaction après une année 2023 record en terme de fréquentation.

"L'année est très positive, solide, il y a plus de voyageurs dans tous nos trains", se félicite-t-il ce vendredi.

Concrètement, un TGV sur trois était complet l'an passé et la SNCF a comptabilisé 122 millions de passagers pour ses trains à grande vitesse, soit une progression de 4%, un record historique. Le chiffre se hisse même à 156 millions (+6%) avec les destinations européennes.

Une première depuis 1995, la SNCF va sortir un nouveau TGV dans En route pour demain - 11/11
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Rien qu'à Noël, 6,5 millions de personnes ont pris le train, c'est 500.000 de plus qu'en 2022 (+8%).

"La dynamique pour le train est très forte", souligne le dirigeant qui précise que "la clientèle affaires est également de retour" avec une hausse de 6% par rapport à 2022.

Même satisfaction du côté des TER avec +8% de voyageurs et même +21% en quatre ans. Les Intercités connaissent une progression de 4,5% à 11 millions de passagers.

Billets: la SNCF ne répercutera pas toute la hausse de ses coûts

L'opérateur en est convaincu, il ne s'agit pas d'une tendance conjoncturelle mais bien d'une tendance durable.

Ce succès à néanmoins un revers, la SNCF ne peut compter que sur un parc de 364 TGV désormais sous-dimensionné en période de pointe. Et face à la dynamique de trafic, elle n'aura pas de rames supplémentaires à faire circuler cet été par exemple, les nouveaux TGV M connaissant des retards de livraison. Une vraie déception pour l'opérateur.

Les trains se rempliront vite, et ils seront plus chers. Si la décision n'a pas encore été tranchée, le PDG confirme que la hausse des prix des TGV sera inférieure à l'inflation. Les prix des Ouigo, des Intercités et de la carte Avantage seront de leur côté gelés.

"Et ce, alors que nos coûts augmenteront encore", souligne Christophe Fanichet, notamment celui des péages payés à SNCF Réseau (presque +8%), sans oublier la contribution à la régénération du réseau. "C'est sur notre marge que l'on va prendre", précise le dirigeant qui mise également sur une nouvelle augmentation du trafic pour compenser.

Reste que la SNCF a d'autres grands défis à lever cette année, notamment la bonne gestion du transport pour les Jeux olympiques de Paris.

"C'est notre priorité numéro un, ça ne peut que réussir", lance le responsable. La question sociale est sensible et les discussions continuent avec les syndicats sur les questions de disponibilité, de primes...

"Il reste des points à finaliser, mais je suis confiant sur notre préparation, nous serons prêts. Je sais que les organisations syndicales comme tous les cheminots ont envie de participer à ce grand événement", ajoute-t-il. Une nouvelle rencontre est prévue à la fin du mois de janvier.

Le climat social reste tendu

Malgré tout, le climat social à la SNCF reste tendu, notamment sur la question des salaires et des conditions de travail. La grogne n'est pas retombée depuis la fin 2023 et certains syndicats menacent toujours de faire grève pendant l'événement.

Rappelons que 4.500 trains supplémentaires sur Transilien sont programmés, soit +15% par rapport à d’habitude (sur cette période estivale).

"Par rapport à d’habitude ce ne sera pas tant une différence de volume qu’une différence de nature. Nous ne ferons rien de moins que ce que nous faisons chaque jour de l’année. En revanche, l’exceptionnel réside dans le fait que ce sera intense tous les jours, et toute la journée, avec des flux différents de d’habitude", explique Christophe Fanichet.

Et d'ajouter: "C’est aussi la mobilisation des TER, des TGV internationaux et nationaux pour venir à Paris ou aller en région, et le transfert en TGV des équipes sportives notamment pour les épreuves de foot masculin/féminin".

Face à l'essor du trafic et à l'enjeu des JO, l'opérateur mise sur des recrutements massifs. 4.900 ont été réalisés l'an passé dont 1.300 en Ile-de-France, 1.350 conducteurs sont en formation (contre 750 en 2022).

"Nous avons reçu 250.000 candidatures, preuve de notre attractivité", assure le PDG, "et nous avons l'objectif de 4.500 recrutements supplémentaires cette année". Une dynamique portée notamment par des salaires de base plus élevés, explique-t-on.

La concurrence bienvenue

Les effectifs globaux ont ainsi augmenté de 3% l'an passé et progresseront encore de 2% cette année, c'est quasiment la première fois qu'une telle tendance est observée. Pour autant, il y a aussi des départs, pas négligeables, le turn-over atteint ainsi 2%.

L'année 2024 sera aussi celle de la concurrence. Sur les lignes à grande vitesse d'abord avec une intensification de l'offensive de la Renfe par exemple. Mais la compagnie ferroviaire reste très sereine. La concurrence (Trenitalia et Renfe) ne rogne pas les parts de la SNCF, elle augmente la taille du gâteau.

"L'appétit pour le train profite à la concurrence sans affecter nos volumes et notre activité. On est très content: il y a un marché et il est en croissance pour tous", indique Christophe Fanichet.

Les appels d'offre pour des lots en région vont également se multiplier: Centre-Val de Loire et Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Normandie, Provence-Alpes-Côte d’Azur...

Si la SNCF signe des victoires avec de nombreuses régions qui lui renouvellent leur confiance, "nous savons que nous allons en perdre", concède le PDG, à l'image de la ligne TER entre Marseille, Toulon et Nice où l'opérateur historique est très critiqué.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business