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"Il n'y aura pas de miracle" pour l’été prochain: le retard du TGV M agace la SNCF

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La SNCF comptait fermement sur les premières rames du TGV M livrées par Alstom avant les grands départs de l'été afin d'accompagner l'essor de la fréquentation. La compagnie devra donc composer avec son parc actuel.

Comme BFM Business le révélait la semaine dernière, le TGV M aura du retard. La SNCF a commandé à Alstom 115 rames pour 3,5 milliards d'euros dont les premiers exemplaires devaient arriver fin 2024, puis début 2025. La SNCF table désormais sur une période située entre l'été et l'automne prochain. Au mieux. En interne, on ne cache plus son agacement.

"On l'attend avec impatience" souffle Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs.

"Si j'avais plus de trains, je pourrais faire voyager plus de Français pendant les périodes tendues et vu l'appétit pour le train, c'est dommage", explique-t-il ce vendredi lors de la conférence de rentrée de la filiale du groupe SNCF.

"Je les attends car j'en ai besoin, alors on pose la question à notre partenaire Alstom", poursuit Christophe Fanichet.
Une première depuis 1995, la SNCF va sortir un nouveau TGV dans En route pour demain - 11/11
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Selon nos informations, le problème se situe au niveau d'un composant du train: la batterie de secours (appelée "greffon"). Voulue par la SNCF dès la conception du projet, cette innovation doit permettre au TGV M de rouler même en cas de coupure de courant au niveau des caténaires (notamment dans un tunnel). Ce qui en soit constitue une belle valeur ajoutée.

156 millions de voyageurs TGV en 2023, un record

Problème, le fabricant de cet élément, Saft, une filiale à 100% de TotalEnergies, a pris beaucoup de retard et semble avoir du mal à le combler. Et s'en passer exigerait d'intervenir à nouveau sur les rames, ce qui prendrait beaucoup de temps.

"Il n'y aura donc pas de miracle cette année" sur l'offre lors des prochaines périodes de grands départs, notamment l'été prochain, se désole Christophe Fanichet.

La SNCF devra faire avec son parc, 364 TGV, et optimiser les circulations pour offrir un peu plus de places comme elle l'a fait l'an passé.

Mais compte tenu du succès du TGV et de sa dynamique (122 millions de passagers l'an passé, un record, soit une progression annuelle de 4% et même 6% à 156 millions si l'on englobe l'Europe), il y a fort à parier que les problèmes de disponibilités se répètent.

Les trains se rempliront très vite, et il y aura des déçus. Avec au premier rang la SNCF.

L'an passé, 1 TGV sur 3 était complet, un niveau quasi-historique, un chiffre qui monte à 60% pour les Ouigo.

Si l'opérateur a lancé d'autres investissements pour agrandir son parc: nouvelles rames Ouigo, prolongement de vie de certains TGV avec l'opération Botox, ces initiatives ne se verront pas avant plusieurs années.

La SNCF ronge donc son frein. Pour le moment, il fait confiance à Alstom pour que le problème de son sous-traitant soit au plus vite réglé. L'industriel s'est engagé à livrer 12 rames par an dès cette année. Pas de contentieux à l'horizon donc, même si des pénalités sont évidemment prévues dans le contrat.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business