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Grève du 11 décembre: le front syndical s'effrite à la SNCF

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L'Unsa-Ferroviaire, qui représente essentiellement les cadres de la compagnie ferroviaire, et la CFDT n'appellent plus à la grève.

Comme nous l'indiquions cette semaine, la grève reconductible à la SNCF prévue à partir du 11 décembre devrait assez peu mobiliser.

Le front syndical s'effrite puisque l'Unsa-Ferroviaire, deuxième syndicat à la SNCF qui représente essentiellement les cadres, renonce à appeler à la grève.

Même si le syndicat s'oppose toujours à la fin de Fret SNCF transformé en deux nouvelles entreprises, il "constate que des avancées ont été obtenues ces derniers jours" dans les négociations avec la direction.

"Le bureau fédéral de l'UNSA-Ferroviaire a décidé de signer les accords de transition concernant les deux filiales, qui maintiennent l’intégralité des droits des cheminots transférés pendant trois ans", peut-on lire dans un communiqué.

"Continuer le combat sous d'autres formes"

Et de poursuivre: "l'Unsa-Ferroviaire a proposé à l’interfédérale de suspendre l’appel à la grève et de continuer notre combat sous d’autres formes, en premier lieu en mettant sous vigilance les futures négociations au niveau des différentes filiales et en se tenant prêts à reprendre la grève si le dialogue social n’était pas au niveau attendu début 2025".

La CFDT a également retiré son appel à la grève ce vendredi.

Les deux organisations syndicales, considérées comme réformistes, ont annoncé avoir obtenu des garanties pour les 4.500 salariés transférés vers deux filiales au 1er janvier.

Les cheminots auront la garantie de conserver l'ensemble de leurs droits pendant 36 mois, le temps de négocier un nouveau cadre de travail dans les nouvelles sociétés créées, Hexafret et Technis.

Concernant la partie TER, et alors que les premiers cheminots de la SNCF vont être transférés dans des filiales nouvellement créées là où le marché est ouvert à la concurrence d'ici une semaine, la direction du groupe ferroviaire s'est engagée à maintenir les droits pendant 24 mois, au lieu de 15 jusqu'à présent.

La sécurisation de l'emploi, c'est-à-dire l'impossibilité d'être licencié, a également été obtenue pour tous les salariés, y compris contractuels - jusqu'ici seuls les salariés au statut, supprimé en 2020, y avaient droit.

Seuls la CGT-Cheminots et Sud-Rail maintiennent le mouvement. Les conséquences sur le trafic seront connues 48 heures avant le début du mouvement. Mais elles ne devraient pas être lourdes.

"C'est dommage", a réagi le secrétaire fédéral de Sud-Rail Fabien Villedieu après l'annonce de la CFDT et de l'Unsa.

"On aurait pu arracher ce qu'on a réussi à obtenir à Fret, à savoir le maintien des droits pendant trois ans à SNCF Voyageurs (l'entreprise qui gère notamment les TER), ce qui n'est pas le cas", a-t-il déploré.

Il a aussi justifié le maintien de l'appel à la grève par le souhait du syndicat d'aller chercher un moratoire sur la privatisation du fret à la SNCF.

Outre le non-appel à la grève de deux syndicats, contrairement à 2022 et 2023 où les revendications salariales étaient au cœur du conflit (provoquant une grève dure en 2022), les mots d'ordre sont aujourd'hui moins mobilisateurs.

Selon nos informations, la grève serait peu suivie nationalement, les perturbations les plus importantes seront locales. Les cheminots sont en effet peu enclins à poser des jours pour ce préavis.

"C'est déjà joué"

Il faut dire que le sort de SNCF Fret est acté depuis longtemps et il sera impossible de revenir en arrière, selon beaucoup d'entre eux. Même chose du côté de la concurrence dans les TER, les appels d'offres sont en cours, certains sont déjà bouclés (et la SNCF en remporte la majorité). "C'est déjà joué", nous glisse un cheminot.

Un autre cheminot nous explique que les syndicats auraient dû porter le fer contre la concurrence sur le TGV en appuyant la proposition du ministre des Transports d'obliger les nouveaux entrants à ne pas se concentrer uniquement sur les lignes les plus rentables et d'ouvrir des liaisons d'aménagement du territoire.

Enfin, la question des salaires n'a pas lieu d'être: les syndicats ont répété à l'envi qu'elle ne faisait pas partie des revendications, tandis que la direction a accordé une nouvelle augmentation moyenne de 2,2% en 2025 à tous les salariés, la quatrième en quatre ans.

Pour autant, Sud-Rail exige toujours une augmentation de 400 euros pour tous les cheminots, et une augmentation de toutes les primes qui constituent une part importante du salaire.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business