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Elle voulait faire une surprise à son compagnon: la SNCF leur inflige une amende de 245 euros

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Offrir un billet de train pour un voyage romantique est une bonne idée, le réserver à son nom l'est moins.

Encore une fois, un nom erroné sur un billet de train provoque un psychodrame pour les voyageurs de la SNCF.

L'histoire commence pourtant joliment. Début octobre, une jeune femme prénommée Manon prévoit d'offrir un voyage romantique à son compagnon à Lyon, relate le site France Live.

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Pour que la surprise soit totale (en évitant que son ami ne reçoive des mails de la SNCF), elle réserve les deux billets à son nom, estimant qu'il n'y aura pas de problèmes étant donné qu'ils voyageront ensemble.

Une erreur de taille: Manon ne semble pas connaître les règles très strictes de la SNCF en ce qui concerne le nom inscrit sur le billet.

À la SNCF les billets sont nominatifs, c'est une obligation

Lors du contrôle, elle en fait l'amère expérience. Le chef de bord (le contrôleur) estime qu'il y a usurpation d'identité sur le billet du compagnon de Manon puisque celui-ci est au nom de cette dernière.

La sanction est lourde: 245 euros (150 euros d'amende forfaitaire et 95 euros pour le trajet). D'autant plus que les deux billets avaient été réservés pour 31 euros par personne grâce à la carte jeune des deux amoureux.

"Je lui ai expliqué que c'était une surprise, que les deux billets étaient à mon nom pour ne pas qu'il le sache, et nous lui avons présenté nos cartes jeunes", explique Manon à nos confrères.

Le chef de bord se contente d'appliquer strictement le règlement malgré les larmes de la jeune femme.

"L'e-billet et le billet imprimé étant nominatifs, personnels et incessibles, le voyageur est susceptible de devoir présenter, à tout contrôleur en faisant la demande, une pièce d’identité originale en cours de validité avec photo (carte d’identité, passeport, permis de conduire ou carte de séjour)", explique la SNCF.

"Tout client qui voyage avec un titre de transport nominatif et incessible au nom d’une autre personne" se trouve "en situation irrégulière" et peut donc être sanctionné.

Les affaires de ce type sont légion pour la SNCF. Pas plus tard qu'en septembre dernier, une mère de famille avait réservé à son nom un billet pour sa fille. Résultat: 380 euros d'amende malgré les preuves de filiation avancées par la voyageuse.

"Les voyageurs sont informés"

Mais pour la SNCF, cette obligation qui répond à des questions de sécurité, est communiquée aux clients au moment de l'acte d'achat. "Lorsqu’ils acquièrent un e-billet, les voyageurs sont parfaitement informés que ce titre est nominatif et que sa présentation, lors du contrôle exercé par l’agent, devra être accompagnée par la présentation d’un justificatif d’identité valable".

Il est bien loin le temps où le train était un moyen de transport anonyme pour lequel aucune pièce d'identité n'était exigée. La loi de 2017 du Code des Transports fait bien obligation aux "passagers des transports routiers, ferroviaires (...) de justifier de leur identité".

Pour Manon et son compagnon, pas d'autre choix que de payer l'amende: "On se retrouve à payer 245 euros plus le trajet initial pour un billet qui coûte normalement 31 euros, c'est abusé".

Après avoir effectué en vain une réclamation, la jeune voyageuse a saisi le médiateur de la SNCF.

Reste que ces excès de zèle de certains chefs de bord mettent à chaque fois la SNCF dans l'embarras, ces affaires d'amendes pour mauvais noms sur les billets se retrouvant sur les réseaux sociaux.

La SNCF rappelle qu'elle ne fait qu'appliquer les textes. Pour autant, comme l'indique un salarié de la SNCF qui forme des chefs de bord, "il y a la règle... Et l'esprit de la règle. Face aux éléments recueillis le contrôleur pourra sanctionner ou faire un rappel à la règle, un geste commercial. C'est une possibilité et non une obligation".

"Il faut mesurer ce qui est à gagner et à perdre en quelques minutes. Entre gagner une centaine d'euros sur des clients encartés et récupérer ensuite un Bad buzz et faire une explication et un rappel à la règle, je laisse choisir... Car ce pouvoir de décision, cette capacité de discernement c'est ce qui est essentiel dans ce rôle professionnel à bord des trains, au risque de passer pour des méchants... parfois", poursuit-il.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business